Un retour que je n’attendais plus, la dernière décennie a fait du mal à ma tendresse envers Ms Keys, et la voilà de retour avec un album somptueux et inspiré.
Son album le plus « New York » depuis Song in A Minor, et sans les artifices pompeux de « Empire State of Mind ».
Profitant de la popularité de projets plus engagés et afrocentrés qui ont émergé ces deux dernières années du coté d’artistes indépendants qui se sont peu à peu introduit dans la culture pop plus large, de Black Messiah à Lemonade en passant par To Pimp A Butterfly, elle nous propose ici un disque inspiré de cette lignée qui manquait cruellement au premier plan de la musique black depuis le début des années 2000.
Fini les vibrato de starlette rnb, les hurlements de diva et les instrus pop sophistiquées. Ici on retourne aux racines et dans la simplicité, comme sur son premier album, du hip hop, de la soul, du jazz, du gospel et des éléments de blues, avec un peu moins de mouvements de musique classique et c’est pas bien grave. La voix est douce et chaude, le ton est juste et les mélodies sont immédiates. Difficile de ne pas se laisser bercer par le jam jazz de Roy Ayers de She Don’t Really Care, la nouvelle interprétation de One Love, les grognements suaves de Illusion of Bliss, les 3 accords de guitare sèche de Kill Your Mama, d’une simplicité extrême mais diablement efficace. Toute la grosse première moitié est sans aucune fausse note, ça s’essouffle un peu sur la fin, et on n’évite pas un coté toujours un peu cul-cul la praline comme sur Girl Can’t Be Herself, mais les arrangements reggae pop rendent finalement ce track plus fun qu’énervant. Le assez dégueulasse premier single In Common finit en bonus track, bon débarras.
J’ai failli t’abandonner Alicia. Pour toujours. Here me rend profondément heureux.