Fort du succès d’Attack on Memory, Cloud Nothings revient plus bruyant que jamais avec un Here and Nowhere Else pétaradant gardant une formule presque inchangée, ce qui est sans doute le seul bémol qu’il conviendra d’émettre à l’égard d’un album riche en pulsions, arrachant tout un tas de décibels sur son chemin. Un manque de surprise un peu préjudiciable pour un album fort généreux dans ses intentions. Avec sa production crade et vigoureuse accentuant ses sonorités grunge (Silverchair, Nirvana), le groupe et sa tête pensante Dylan Baldi auraient pu s’assagir mais ils en ont décidé autrement, Cloud Nothings insère encore plus son style dans le sillon rock 90’s/punk déjà éculé et n’a pas envie de perdre son temps (30 minutes torchées vite fait bien fait). Le premier single « I’m Not Part of Me », sans révolutionner le genre, laissait entrevoir cette habituelle power pop survitaminée, avec cet aspect immédiat dans la qualité de son refrain faisant taper irrémédiablement du pied dès la première écoute. Assez monolithique mais jamais linéaire dans son tempo courant à vive allure, ce nouvel album frappe encore plus vite notamment avec une batterie omniprésente, des riffs encore plus tranchants et un chant clair souvent grésillant et proche de l’extinction. Cloud Nothings perd en mélodie ce qu’il gagne en nervosité et en puissance. S’il y a moins de chansons fédératrices sur ce nouvel opus, Cloud Nothings n’en oublie pas d’être cohérent et de distiller à sa guise des petits brulots punk inspirés, secs et sans fioritures (No Thoughts). Avec des textes aux perpétuels questionnements identitaires, la mélancolie tubesque ne s’est pas évaporée (Psychic Trauma) et Here and Nowhere Else parait être un album plus instinctif, plus furieux dans son contenu que son prédécesseur mais à la profondeur un peu moins décelable même si Cloud Nothings garde cette créativité intacte (Just See Fear ou Pattern Walks marchant sur les pas de Wasted Days).