Rappelons ici quelques faits essentiels. Mac Demarco, c’est avant tout :
- Un combo sourire-dentition à faire pâlir de jalousie Vanessa Paradis,
- Une sympathie irrésistible et inégalée depuis Jean-Pascal de la Star ac’,
- Un detuning reverbé immédiatement reconnaissable, imité mais jamais égalé (Boy Pablo, si tu nous entends…)
Profitons-en, car vu son alcoolisme Depardiesque, le brave garçon risque de ne pas faire long feu.
Propulsé au rang d’égérie de la scène indie depuis son premier album Rock and Roll Night Club, ce bon vieux Mac revient avec Here comes the cowboy, 5ème album d’une discographie jusqu’ici sans fausse note. Coupons court à tout suspense inutile, cette affirmation n’est aujourd’hui malheureusement plus valable.
Figurez-vous un sandwich. La substance-même du sandwich réside dans sa garniture, le pain ne servant ici que de support, certes extrêmement pratique car permettant à la fois une saisie manuelle convenable et un apport bienvenu en féculent, mais qui ne saurait s’auto-suffire. Quand vous vous rendez au Subway, toute ordure capitaliste affamée que vous êtes, ce n’est pas le choix du type de pain qui vous apportera satisfaction et satiété, mais bien le poulet aux hormones qu’on va vous y fourrer. Ne dit-on pas d’ailleurs:
« Sandwich sans pain, festin ! Sandwich sans garniture, pourriture … »
Un jour, lors d’un pari malheureux, je me retrouvai à devoir m’acquitter d'une étrange sentence : manger un sandwich au pain. Un triptyque de tranche de mie. Et je dois dire que l’album du jeune canadien m’a laissé le même goût en bouche/oreille : sec et fade. Comme vidé de sa substance.
Des savoureuses sonorités tout en reverb, des planants synthés, des délicieux accords de guitares savamment detunées, il ne reste plus rien, ou presque. Nous avons donc le droit à une succession de chansons plates et génériques, où la carte de la sécurité semble systématiquement l’emporter. Le choix de la simplicité (ou de la facilité, selon votre sens de la clémence) ne se révèle pas payant ici, et même la voix apaisante de notre Canadien préféré ne saurait masquer l’ennui pesant de l’enchaînement des morceaux à quatre accords de guitare acoustique plaqués sur un accompagnement de piano basique joué à un tempo lent. Non pas que ce soit une mauvaise formule en soi, mais l’ensemble fait pâle figure en comparaison à ses prédécesseurs This Old Dog ou Salad Days…
Et que dire de Choo Choo… Seules les chansons Nobody et All of Our Yesterdays tirent péniblement leur épingle du jeu dans un ensemble bien en-dessous des standards auxquels le Mac nous avait habitués. Pourtant, j’aurais pu aisément me contenter d’un remake de ses précédents albums, que l’on pourrait qualifier en caricaturant d’ensemble de variations sur la même chanson. Au final, c'est pour ça qu'on l'aime tant, notre Mac ! Ici, je passerai mon tour.
De la bonne musique de digestion, pour le reste, préférez le reste de sa discographie.
- En quelques mots : Un sandwich au pain
- Coups de cœur : Nobody
- Coups de mou : Le reste
- Coups de pute : Choo Choo
- Note finale : 4