En entendant les notes cristallines d’Imperial Climb en ouverture, on ne pourra plus reprocher aux Parisiens d’Acetate Zero leur art très particulier de brouiller les pistes en noyant leurs merveilles de chansons sous un déluge de fuzz intrépide et concassé. Après cet enchantement acoustique digne de The New Year, le règne de la distorsion reprend naturellement ses droits. C’est presque un groupe neuf, en tout cas plus maîtrisé, qu’on écoute désormais. Dry confirme que, même scandaleusement ignorés dans le paysage actuel, les cinq Franciliens troussent à merveille la tension (jamais apaisée, juste plus contenue) pour en faire sortir le ravissement. On prendra The Road comme une aire de repos sur un chemin jusqu’ici plein de chaos. La production de Cyril Guillaneuf (Luke, Winter Camp) sert de manière inédite l’approche très personnelle que ces jeunes gens ont de ce qu’on appellera faut de mieux un post-rock mélodique et plus distingué qu’à l’accoutumée. Acetate Zero nous ferait-il son disque soft rock ? Que nenni, répond comme un uppercut Heavy Super Twin, d’une lourdeur guitaristique peu commune, promis à des stridences terminales sur scène. Mais le ton général, même s’il ne renie rien de son histoire, de sa marque de fabrique faussement dilettante, reste néanmoins doux et précieux comme en atteste le bien nommé Precious Metal. Down With The Ship retrouve la trace de ses origines, avant d’avoir l’idée salutaire de ne pas en rajouter. En maîtrisant ses pulsions bruitistes sans les brider, Acetate Zero parvient à une maturité de bon aloi, concrétisée sur 49°55’’39.55 N+2°45’22.45’’E, crête atteinte de ce cinquième album en forme de new-wave immaculée. (magic)