Henri Texier – Heteroklite Lockdown (2022)
En fait cet album date du début de l’année, il est sorti en février/mars je pense, et puis il est arrivé chez moi récemment, merci donc ! Henri Texier fait tellement parti du paysage français du jazz que l’on n’y fait plus attention, pourtant tellement incontournable qu’il finirait par nous manquer s’il n’y avait pas une sortie de temps en temps.
Il est ici en trio, évidemment sa contrebasse lui tient compagnie, les deux vont ensemble comme si elle formait son double, et qu’ils ne se déplaçaient plus l’un sans l’autre. D’ailleurs le fruit de l’amour est là également, en la personne de Sébastien Texier saxophoniste de métier, plus précisément à l’alto, il faut dire qu’avec un tel père c’est comme s’il naissait accompagné d’un professeur, les deux réunis sous le même chapeau, celui que l’on voit en couverture, très beau portrait par ailleurs…
Le troisième larron, celui avec lequel ils s’entendent si bien, en foire ou sur scène, c’est Gautier Garrigue, un sacré batteur, je ne sais si on l’appelle Gégé, bien qu’il ne soit pas Gérard, mais par Dieu c’est un phénomène, de foire, comme les deux autres, avec tous leurs bras et leurs mains qui s’agitent sans cesse et toujours au bon endroit !
Henri est à l’âge où parfois on aime jouer les standards, alors qu’autrefois on composait, souvent seul, pour construire cette trilogie fameuse et incontournable qu’on aime encore écouter de temps en temps, celle des années « JMS ». Bon il ne faut pas réduire Henri à ce sommet, car il y en a d’autres, comme ceux du trio « Romano, Sclavis, Texier » et d’autres encore, car il n’y a pas d’album signé Texier qui soit anodin.
Trois standards donc, « Round About Midnight » qui ouvre l’album, « What is This Thing Called Love » et un « Besame Mucho » extrêmement ralenti, trois interprétations parfaites et précises, qui sont justes magnifiques, même s’il y en a eu tant auparavant, on ne s’en lasse pas, et l’enregistrement du son est si parfait, qu’il rend vraiment justice aux musiciens. Il y a également une belle pièce signée de Gégé « Forest Forgive Them » qui se tient parfaitement au milieu de toutes ces magnifiques compos.
Henri Texier nous offre trois magnifiques titres, dont un hommage à Jean-Pierre Bacri « Bacri's Mood », Sébastien en a écrit un, « Take Your Time », tout est donc parfait, et la musique aussi, certes dans un style convenu, sans aucun excès car le travail est d’orfèvre et chacun joue sa partie avec cette perfection qui signe, depuis toujours, le travail d’Henri Texier.
Un album où chaque son est là où il doit être.