Nous sommes en plein milieu des années 80, décennie du meilleur et du pire musical, qui mit à l’honneur aussi bien Depeche Mode que l’orgue Bontempi. Autant dire que c’était une époque de vaches maigres pour la country music, la preuve par le récent album de Johnny Cash, refusé au début de la décennie maudite et ressorti du tréfonds de cette plus ou moins glorieuse époque. Peut-être fut-ce pour ramener la country à l’avant-scène, toujours est-il que quatre de ses géants (dont deux colosses) ont à l’époque décidé de faire un bout d’brousse ensemble, donnant aux oreilles du monde la plus grande union de talents de l’histoire de la musique : les Highwaymen.
Deux géants donc, Kris Kristofferson, plus connu comme acteur ayant joué cinq ans auparavant pour Michael Cimino. L’autre est Waylon Jennings, idole aux U.S.A. parfaitement inconnue dans l’hexagone, on se souvient éventuellement qu’il a loué un appartement avec Johnny Cash lorsque celui-ci venait de quitter sa femme. Autre duo du quatuor, Willie Nelson, colosse barbu, drapeau U.S. noué autour de la tête, le cowboy vrai de vrai, voix et chansons inoubliables (On The Road Again, ma préférée) dont on a au moins une fois entendu le nom. Le mythe vient clore la liste, l’empereur, le pape, le dieu mythologique toujours vivant dans les mémoires, sa sainteté Johnny Cash. Il n’y a eu pas d’autre dream team de ce calibre dans l’histoire musicale.
Ils sont donc quatre et chantent ensemble ce premier album d'une série de trois en studio , soulevant l’hystérie des fans et des foules, enchainant sur l’album les compositions originales (très peu en fait) et les tubes de chacun des membres du groupe. Highwayman, qui ouvre l’album, est simplement inoubliable pour qui a visionné le concert, les quatre enchainant chacun un couplet, Cash fermant la marche et provoquant une folie pure dans le public dès les premières paroles qu’il interprète. Mais tous sont formidables, leurs voix sont dignes du genre, éraillée pour Kris, grave et gutturale pour Waylon, légèrement nasillarde pour Willie et enfin, je laisserai Bono s’exprimer sur celle de Johnny : « La voix la plus mâle de toute la chrétienté. Tout homme se sent une femmelette à côté de lui ! »
Définitivement, cet album est incontournable pour tout fan de Johnny Cash, de la country-folk américaine et de musique en général. Vous chevaucherez les grandes plaines, les déserts poussiéreux, finirez épuisés dans un saloon mal famé, un verre de tord-boyau à la main, reluquant d’un œil torve la petite pépée en train de lever la cuisse sur scène. Cet album plaque à la face du monde tout ce que les Etats-Unis d’Amérique peuvent avoir de bon et de grand.