Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sentent bon le buzz tout chaud : que vous faut-il de plus ? Sensation anglaise annoncée de ce début d'année, les frères White, Alex et Tom, déboulent arborant fièrement leurs vingt printemps, leur morgue et leurs chansons. Chouchouté par une presse britannique qui croit enfin tenir sa réponse locale au défi récemment lancé par The Strokes, The Electric Soft Parade apparaît bien plus lyrique, plus mélo-dieux et plus pop que ses soi-disant rivaux new-yorkais. Il partage en tout cas avec la bande à Julian Casablancas cette insouciance juvénile et salutaire, cette capacité à jouer des formules et des références sans gratitude ni clin d'oeil, cette conviction que tout peut être réinventé, que ni Oasis, ni The Boo Radleys et encore moins The Who (qui ça ?) ont jamais existé. Fiers comme des petits blancs de leurs douze fléchettes tubesques envoyées en coeur de cible, les frérots possèdent l'enthousiasme communicatif des débutants qui n'en veulent, et vite ! Vivant l'urgence jusqu'au bout des chansons, The Electric Soft Parade a visiblement souhaité tout mettre dans ce premier album, comme s'il ne devait jamais y en avoir de second. Son principal mérite est donc de faire passer avec énergie et légèreté une accumulation gargantuesque d'ingrédients superposés : une louche de vocoder, une soupière de guitares saturées, une bonne dose de claviers et de choeurs pour faire bonne mesure. Terriblement agaçant, formidablement efficace : Holes In The Wall possède bien les caractéristiques de tous les grands premiers albums. (Magic)
Possible que s’il avait été écouté à l’aveugle, cet album m’aurait amené à une question, à l’écoute du premier titre, "Start again" avec sa grosse guitare et se voix vocoderisée… Quoi, est-ce l’un de ces groupes versaillais, Air ou Daft Punk qui s’est (re)mis au rock ? Ou sont - ce les pompeux Phoenix qui ont été touchés par la grâce ? J’aurais pu… Seulement voilà, impossible d’échapper au buzz autour d’Electric Soft Parade. Vous êtes jeunes et "dans le coup" côté musique ? La première fois que vous irez acheter des disques depuis la disparition des pièces de monnaie à l’effigie de la Semeuse, vous êtes priés d’échanger vos euros contre"Holes in the wall"."Impossible de ne pas avoir vu la pochette de l’album (une jolie photo d’escalier rond, pris en plongée) dans l’un des ses magazines favoris …Buzz = je sais qui se cache derrière ces chansons efficaces, ce rock vitaminé de bonne facture. J’attends donc d’être surpris par l’œuvre des frères White (17 et 18 ans), originaires de la ville balnéaire de Brighton (célèbre aussi pour être la capitale du big beat) et sujets de sa très gracieuse majesté. Les chansons d’Electric Soft Parade ont un côté FM dans le sens qu’elles sont facilement recevables par un large public. Pas besoin d’avoir lu tout Kant ou écouté tout Steve Reich pour y succomber. Les frères White savent comment faire mouche à chaque fois, et c’est étonnant vu leur jeune âge … Sauf que ces gros consommateurs de disques ont pris le meilleur de tout ce qu’ils écouté, qu’ils le digèrent et qu’immanquablement, ils font du tube. Mais attention si les frères ont des références, il ne la jouent pas version lourde, Encyclopeadia Universalis sur papier en 21 volumes, mais façon encyclopédie sur CD rom, vivante, moderne. Pour réactualiser l’état des connaissances en matière de rock, les frangins ne la jouent pas petits profs, mais plutôt laborantins, avec pipettes et bec bunzen, mélangeant les produits et attendant les réactions. Si le buzz autour de ce premier album est justifié, ne pas confondre "chef d’œuvre" et "révélation". On n’a pas droit tous les jours à "Grace" ou à "Dummy", et c’est bien dommage. Pour le côté"disque séminal", on repassera. On a en tout cas droit à un bel album. Après trois morceaux pêchus, arrive"Something got to give", une ballade un peu brit pop pas désagréable. Ce n’est pas le seul à nous rappeler l’époque 95-96 : "Sleep alone" par exemple nous ramène à ce temps aujourd’hui un peu honni où Blur et Oasis tenaient le haut du pavé. Figurent même un morceau à la manière de Doves, "It’s wasting me away", et un autre à la manière de Manic Street Preachers, "Biting the soles of my feet."J’ai surtout aimé cet album quand il donne dans les ambiances éthérées, comme sur "Silent to the dark", morceau de neuf minutes, comprenant un long break en état de grâce, ou comme sur"Red Balloon for me", qui conclut l’album et dont le piano sonne comme du John Lennon. J’ai nettement préféré cela à leurs morceaux énervés. Quand Electric Soft Parade fait parler la poudre, c’est un peu plus pataud, genre Faith No More… on peut aimer ce rock efficace (trop ?), mais c’est quand ils calment le jeu que les frères White font des merveilles. Poussée à fond, la machine s’emballe. Sur disque, car sur scène, les envolées sonores sont nettement mieux maîtrisées, on en reparlera plus loin.Certains voient Electric Soft Parade comme la réponse britannique aux new-yorkais de Strokes. Je ne discuterai pas ces propos ineptes, passons à autre chose. Le seul intérêt de cet argument fruit des élucubrations d’un scribouillard en manque d’idée, c’est qu’il fournira aux journalistes paresseux qui ne préparent de questions une manière commode de lancer un entretien :"on dit que vous êtes les Strokes européens, qu’en pensez-vous ?"Ou comment une idiotie risque de se perpétuer et de plomber le dossier de presse des frères White, qui n’ont vraiment pas mérité ça. Leur maison de disque présente Electric Soft Parade comme le futur du rock anglais. Avant de s’intéresser au futur, place au présent. Au lendemain d’un concert donné à la Scène, à Paris, devant un public trié sur le volet, pour fêter la sortie de l’album, j’écoute avec avidité"Holes in the wall", et l’on ne retrouve pas tout. Bonne nouvelle : ESP est un groupe de scène, qui se donne. Le batteur est habité, il cogne dur et échange parfois sa place avec son frère. Ce soir-là, le concert se termina par un déluge sonore où le quatuor (les deux frères jouaient avec un clavier et un bassiste) s’en donna à cœur joie. Le clavier alla même jusqu’à ôter ses chaussettes pour monter sur son clavier et en piétiner les touches ! Et là, leur gros son transporte le public …Moralité, il n’est pas déraisonnable d’investir dans cet album, mais mieux vaut savoir à quoi s’attendre : peut être qu’il faudra programmer sur sa chaîne quelques titres ("Something got to give", "It’s wasting me away", "Silent to the dark", "Sleep alone", "Holes in the wall", "Biting the soles of my feet", "Red ballon for me") soit sept titres sur douze, plutôt que d’écouter tout l’album. Pour conclure, on se dit que, vu l’accueil réservé à cet album, il est étonnant que les délires sonores d’un autre groupe anglais, Clinic, n’ait pas connu pareil engouement de la part de la presse de ce côté-ci de la Manche. Peut être n’a-t-il pas eu la chance de bénéficier d’une telle promotion. En tout cas, il sera utile et agréable de suivre le parcours scénique et discographique d’Electric Soft Parade, en espérant ne pas être déçu sur la durée. Pourvu qu’il ne s’agisse pas d’une baudruche artificiellement gonflée…(Popnews)
Après ces groupes américains sensés incarner le futur du rock’n’roll et qui nous ont tous plus ou moins déçus, voici donc la nouvelle coqueluche de la presse anglaise. Mais cette fois-ci, il s’agit d’un groupe anglais, composé de deux frères à peine sortis du lycée et originaires de Brighton. Comme à son habitude, le NME nous a vanté les mérites de cette formation bien avant la sortie de l’album. Mais cette fois-ci, la presse française s’est aussi engouffrée dans la hype, en nous présentant à longueur d’articles les deux musiciens comme des petits génies à la culture musicale étonnante et aux prestations scéniques inoubliables. L’album « Holes in the wall » nous offre une alternance de morceaux pop très énergiques et de titres un peu plus calmes mais tout aussi mélodiques, dont certains sont très réussis (« There’s a silence » ou « Silent to the dark »). On pense ainsi à l’écoute de ces 12 titres à des modèles du genre comme « 1977 » de Ash ou « Much against everyone’s advice » de Soulwax. Toutefois jamais Electric Soft Parade ne parvient à les égaler. On peut tout d’abord regretter un manque de puissance dans les morceaux power-pop. Ensuite sur certaines chansons, le duo s’essaie à une certaine expérimentation pas toujours réussie. Entre petits bidouillages électroniques et passages instrumentaux planants, cette recherche sonore tombe parfois à plat. De même sur scène, des montées en intensité mal négociées ou une orientation très psychédélique nuisent à l’énergie et à la qualité initiale des compositions (le groupe prend par exemple plaisir à jouer une version un peu ennuyeuse de plus de 10 minutes de « Silent to the dark »). Dans l’ensemble, Electric Soft Parade nous propose donc une pop vitaminée assez classique, ou parfois au contraire trop sophistiquée.
Une fois de plus on se retrouve assez déçu par la teneur d’un album couvert de louanges, mais surestimé. Les frères White ne manquent certes pas de talent, mais il faudra attendre encore quelques années avant de dire si leur musique va véritablement s’imposer sur la scène anglaise et faire d’eux, comme on l’annonce, les fers de lance d’une nouvelle vague brit-pop. (indiepoprock)