II est des artistes voués à la confidentialité publique et critique. Rien ne la justifie sinon le prisme médiatique, où déclarations tapageuses, effets de manche, strass et paillettes laissent peu de place aux auteurs sensibles. C'est précisément dans cette bulle d'indifférence que John Cunningham évolue depuis le début de sa carrière, il y a dix ans déjà. Une bulle que personne, ou trop peu s'en faut, n'a daigné percer, faisant du chanteur de Liverpool l'un des songwriters les plus scandaleusement sous-estimés de son époque. Même si lui ne s'en est jamais vraiment offusqué : "Nothing Will Change My Mind", chante-t-il aujourd'hui. Pourtant, dès son premier opus, le captivant Backward Steps, en 1989, John Cunningham signait une leçon d'écriture pop. Et aujourd'hui encore, on garde un souvenir ému du jour où on frissonna en découvrant la mélodie d'or d'Another Photograph. Gloire donc aux Disques Mange-Tout, un mini-label lillois, pour avoir sorti John Cunningham de l'anonymat dans lequel il était enfermé depuis le contemplatif Bringing The Blue, son troisième album. Après cinq ans d'un interminable silence dis- cographique, seulement interrompu par la parution d'un 45tours {Hard On Yourself/Living It Down), enregistré sous le patronyme de Johnson et déjà édité par la structure nordiste (qui s'appelait alors Le Tatou Colérique), l'auteur du miraculeux Shankly Gates (1992) - la pierre philosophale de son répertoire - réapparaît tel qu'en lui-même : sur la pointe des pieds et avec dans sa besace huit merveilleuses chansons. Dès le morceau d'ouverture {Public Information Song), le ton est donné. Après quelques accords de guitare acoustique, une voix lumineuse surgit : le rêve éveillé peut commencer. Il durera le temps que s'écoulent les quarante extraordinaires minutes d'un disque magistralement interprété. Tamisé d'une lumière triste, on y retrouve les références - et non pas influences, énorme différence - de Cunningham : John Lennon (pour les harmonies), Nick Drake (pour les ambiances crépusculaires) et Robert Wyatt (pour les déchirements de l'orgue). Dans ce territoire ami et parfaitement balisé, son sens mélodique doublé d'un timbre de velours réservent quelques moments rares : la mélancolie poignante de Homeless House, les arrangements soyeux d'Imitation Time, la torpeur gracieuse de Quiet And Slow Time, le refrain céleste de Taming Family. Bref, un album à l'élégance classique mais indémodable qui permettra peut-être à John Cunningham d'élargir enfin le cercle d'un auditoire restreint. C'est tout le mal qu'on souhaite à un talent hors pair injustement peu reconnu.(Magic)
Vous avez laissé une place libre du côté du projet commun de Richard Davies et Eric Matthews (Cardinal) en espérant dénicher un disque aussi talentueux ... votre compte est bon ! Vous allez devoir obligatoirement faire un petit tour chez votre disquaire préféré pour acquérir ce nouvel album de John Cunningham. Car ce qui nous a toujours plu dans cette pop soignée et sans complexe se revendiquant des Beatles est en oeuvre chez ce Anglais sorti d'un trou noir de 4 ans par un obscur mais lumineux label français au délicieux nom (en parfaite adéquation avec ce disque) : les disques Mange-tout ! Sur les 8 titres qui composent "Homeless House" difficile de faire ressortir telle ou telle chanson tant les mélodies pop entêtantes de chaque chanson semblent décrocher la timbale. On ne sait que choisir entre la mélodie bordée de choeurs de "Public Information Song", l'aridité en surface et les trompettes charmeuses de "Imitation Time", la prise de pouvoir en douceur de l'orgue sur "Nothing Will Change My Mind", les délicates interventions du piano sur "Taming The Family", la ballade tout en finesse de "Infinity Is Ending" … Espérons que cette "maison", trouve très rapidement un grand nombre de propriétaires ! (Popnews)