Dark Paradise.
Après plusieurs albums et EP aux fortunes diverses, dans lesquels elle développait un univers hybride, à la fois pop, R'N'B, et symphonique, "Honeymoon" semble marquer la maturité de Lana Del Rey...
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le 18 sept. 2015
21 j'aime
Voici la suite logique d'Ultraviolence qui avait nécessité pas mal d'écoutes avant que je n'atteigne sa profondeur. Profondeur qui une fois atteinte m'a permis de penser que cet album était l'un des plus grand de 2014. Ce sont finalement quelques morceaux trop peu généreux en idées qui l'ont écartés de mon top 10 annuel.
Néanmoins Ultraviolence possédait une gravité provoquée par l'intensité d'une voix instable et oscillante engendrant un torrent d'émotion tout au long d'un album transpercé par une musique progressive noire, finement acerbe.
J'attendais donc d'Honeymoon la perfection. L'aboutissement de l'univers d'une jeune fille qui n'a cessé de m'éblouir, d'abord par la naïveté de ses débuts me réconciliant avec la musique de radio affligeante. Puis 3 années après son second album, à l'âge idyllique d'une jeune femme, elle divulgua un aboutissement artistique clôturant visiblement sa première jeunesse pour revenir avec un univers plus assumé, décoré notamment par une photographie légère et distinguée et cherchant parfois à transgresser par une provocation raffinée.
À peine plus d'un an après la sortie du précédent opus dont il n'est pas encore possible de se dégoûter, voici déjà l'arrivée du nouveau bébé.
Si j'attendais d'Honeymoon la perfection, ce n'est pas vrai, je n'attendais pas Honeymoon, je n'avais pas envie d'un nouvel album de Lana Del Rey si rapidement. Étant dans un trip agréable, j'en déduis qu'elle souhaita certainement produire vite et bien l'échelon suivant afin de ne pas s'éloigner d'un univers qui lui correspond de mieux en mieux. Celui de la ballade et de ce qu'on peut appeler le Soft Rock. Son oeuvre est fondée sur des bases électroniques, parfois proche du R'n'B et très assimilée au Trip Hop et à la folk ainsi qu'aux divagations qui vont avec, soul, jazz, electro, ambiant, blues…
Si en un an Lana Del Rey est parvenue a exceller dans l'univers qu'elle nous imposait, avec une hésitation charmante en 2014, cette aptitude a le souci de faire naître sur Honeymoon un défaut majeur: Celui de la perfection.
Cet album ne peut en aucun cas être mauvais. Néanmoins en s'imposant avec une telle exactitude, une telle élégance, j'ai le sentiment qu'une part de son âme, de son humanité a disparue. Cela infligeant à son album un manque d'authenticité, de vérité. En réalité ce qui s'acclamait sur Ultraviolence, c'était une prise de risque, la volonté d'essayer, de montrer quelque chose de nouveau, de travailler sur les ambiances, d'épicer chacun des morceaux afin qu'ils deviennent tous non forcément bons, mais très intéressants dans un paysage médiatique où elle est pratiquement la seule personnalité offrant de la chanson de qualité.
Elle a décidé de s'enfermer dans une partie de son univers qui
fonctionne, oubliant de l'assaisonner avec cette once d'excès qui fait le succès de la nourriture épicée.
L'aspect progressif, très agréablement maîtrisé auparavant, n'est plus qu'un arrière plan relativement fade si pas inexistant. Avec ces 65 minutes, elle a décidé de s'enfermer dans une partie de son univers qui fonctionne, oubliant de l'assaisonner avec cette once d'excès qui fait le succès de la nourriture épicée.
Les morceaux s'enchaînent sans grande surprise, trop lourds pour décoller…
…mais trop légers pour écoeurer. La beauté d'Honeymoon est la simplicité, la volonté de proposer une forme de facilité. Si Ultraviolence fut respecté, alors cet album ne pourra déplaire, puisqu'il se contente de reprendre la compétence dans laquelle excelle la belle, qu'est d'envelopper de douceur une classe érotique.
C'est une heure de musique confortable, agrémentant un voyage orgastique avec l'élégance américaine démesurée, incarnée par la représentation d'une certaine idée de la beauté, que nous offre Elizabeth W. Grant à bord d'une expédition Starline Tours ( cf. la photographie éblouissante qui sert d'artwork). Notons-le, il s'agit bien d'audace que d'offrir un album d'une telle simplicité, cela implique d'ailleurs une complication assez grande anéantissant cette notion de "simplicité" lorsque la musique se présente de la sorte.
J'en déduirai donc que Lana Del Rey tente toujours de s'incarner dans un univers qu'elle finira par maîtriser à la perfection et j'entend paradoxalement par là un album qui contiendra le nombre nécessaire d'imperfections qui sont les graines de l'âme, de la gravité et de l'authenticité.
Le mérite d'exister et de susciter des émotions positives.
Au fond, écrire sur Honeymoon me fait prendre conscience qu'Ultraviolence a peut-être bien sa place dans mon Top 10, qu'il était son album majeur et qu'au fond Honeymoon est la suite logique sans grande surprise, d'une carrière qui prend forme. On ne crachera donc jamais sur cette galette qui a le mérite d'exister et de susciter des émotions positives.
Je crève d'envie de lui mettre 8 et ça me fend le coeur, mais non, il manque un piment. C'est sans retenue malgré tout que je le recommande.
Morceaux à hisser au sommet:
Swan Song
Don't Let Me Be Misunderstood
Religion
Salvatore
High By The Beach
The Blackest Day
24
Freak
Music To Watch Boys To
Honeymoon
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les 20 meilleurs albums sortis en 2015 sur base de critères d'évaluation, par Xavier Le
Créée
le 21 sept. 2015
Critique lue 638 fois
3 j'aime
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