Horses
7.7
Horses

Album de Patti Smith (1975)

Dans la torpeur d'un après-midi d'automne je me remets à écouter cet album. Mine de rien je lui ai donné une note culminante mais je ne l'ai pas écouté depuis des années, vraiment des années, peut-être que ça remonte aux années 2000, autant dire le moyen-âge. Une note si haute après tout ce temps c'est que ça m'avait marqué.
Et pas à moitié.


Dés que les toutes premières notes de "Gloria" et ses paroles iconiques se font faites entendre à nouveau je me suis souvenu pourquoi. Patti Smith, en 1975, et sans bien-sûr s'en douter ni s'en soucier, ouvre la porte du punk-rock américain, engagé, poétique et énervé. Avec ce superbe "Gloria" tout est en place, une reprise en forme de merveilleux pillage, une énergie jamais entendue et une personnalité qui a dû en remuer plus d'un à l'époque, la messe est déjà dite, ce sera une merveille, in excelsis deo, c'est tout !
On glisse sans s'en rendre compte vers le reggae de "Redondo Beach", un reggae froid et habité, que n'auraient sans doute pas renié certains Clash à un moment ou à un autre. Le long "Birdland" fascine autant qu'il peut révulser par son audace tandis que "Free Money", avec une poigne d'abord frèle que souligne gracilement les notes de piano, s'enfle avec les guitares d'un souffle implacable en forme de tempête.
"Kimberley" et sa fausse ingénuité déroule le tapis pour Blondie et flirte langoureusement avec Lou Reed (si vous ne vous pâmez pas à cette image, je ne peux plus rien pour vous). "Break it Up" joue un drame aux accents sixties façon Joplin à peine voilé et prépare le terrain pour la pièce maîtresse de l'album.
Lâchons-le, c'est "Land". On y découvre trois parties, le poème "Horses" et son thème douloureux, l'incroyable réinterprétation de "Land of 1000 Dances" aussi incongrue dans ce contexte que parfaitement intégrée, et "La Mer(de)" en guise de final proto-punk pessimiste avec inclusion de jeu de mot en français dans le texte. Le morceau, trop court malgré ses 9'29" embrasse à lui seul le spectre de ce "Horses" comme si tout le reste n'avait servi qu'à nous préparer à cette chevauchée fantastique.
"Elegie" et son piano mélancolique conclut cette album en forme de prière païenne de la plus belle des façons possible, on croirait y voir la lumière.


C'est un album qui peut s'avérer aussi bien éprouvant que naturel et captivant selon votre état d'esprit. Dans tous les cas, c'est une évidence, une oeuvre qu'il serait vain d'essayer de contourner et pour ma modeste part, un ancien coup de coeur inoubliable. Vive l'automne !

I-Reverend
10
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Créée

le 30 oct. 2014

Modifiée

le 30 oct. 2014

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I-Reverend

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