La délicate Florence Welch a dégainé en compagnie de sa sulfureuse machine, un troisième album à l'effet d'une tempête dévastatrice. Ce déchainement à propos de la vie, de l'amour et de l'existence se ressent à travers la bonne dizaine de compositions composant "quelque chose de grand, de bleu et de beau". Musicalement, c'est un mélange homogène des deux premiers albums du groupe qu'on retrouve. Comme si la magie des premiers amours de "Lungs" avaient flirté avec la pop luxueuse et puissante de "Ceremonials". Bien évidemment, une évolution du son de Florence + The Machine est à noter, influencé par Fleetwood Mac et autres Nick Cave.


On aurait pu s'attendre à une ouverture en grande pompe, comme sur le précédent album. Finalement, "Ship to Wreck" est une introduction colorée, limite estivale, et qui passe bien pour la saison. "What Kind of Man", single (et grower) marquant le retour du groupe sur la scène musicale, déroute à la première écoute, mais s'avère tout aussi efficace avec ses guitares électriques et son air entêtant. Cela prouve une énième fois que Florence et son groupe ne cherche pas la facilité pour offrir du nouveau contenu à son public.


Le côté théâtral fait toujours autant parti de l'ADN musical des anglais. "How Big How Blue How Beautiful" se distingue avec cette pop majestueuse et forte. Et "Queen of Peace" représente le premier point d'orgue du disque, entre les violons déchirants et la mélodie très influencée par Arcade Fire. Les titres downtempo sont aussi présents sur ce disque au caractère bien trempé, à l'image de "Various Storms and Saints". Cette dernière apporte une touche dramatique et envoûtante dans ce tableau marqué par les différentes teintes de l'album. La voix de la jolie rousse n'est plus à prouver : des frissons, en veux-tu en voilà. Puis arriva "Delliah" qui pourrait bien être le petit frère de "Drumming Song" (Lungs, 2009), au rythme d'une batterie sauvage et d'une mélodie à tomber par terre.


Retour au calme avec deux ballades : "Long & Lost" est une ritournelle aquatique grandiose, tandis que "Caught" est une fraicheur sortie de la rosée matinale. A peine les esprits repris que les premières notes du glower "Third Eye" retentissent. Et pan, nouveau point d'orgue. Quand ABBA et Arcade Fire (à nouveau oui !) se rencontrent, cela donne une petite tuerie à l'approche d'une disco-pop sous effets hippies. "Spectrum" II is coming. Par contre, "St Jude" me laissait un peu perplexe aux premières écoutes. Finalement, si on la replace dans le courant linéaire de l'album, elle a tout à fait sa place et s'accorde bien avant le déchainement final. "Mother" nous renvoie dans les seventies, un son estival et énergique, tout en étant sensuel et fou. Et ça fait du bien, ça apporte une grande fraicheur dans le répertoire du groupe.


Un petit mot concernant les pistes dans l'édition deluxe : "Hiding" aurait du figurer dans l'édition simple, avec sa pop à la "Lungs" et son effet glower pas du tout négligeable. "Make Up Your Mind" est plus "Ceremonials" que "Lungs" côté son, et personnellement je préfère "Hiding". Et parlons aussi de "As I Far Could To Get" qui aurait du se retrouver sur l'édition simple (et non perdue dans l'édition deluxe du vinyle), vu sa totale perfection.


"I'm the same, I'm the same, I trying to change" chante Florence dans "Third Eye". Oui elle essaie d'évoluer et de changer, or son énergie infallible et sa folie resteront toujours les mêmes. On est désormais loin des débuts à la fin des années 2000, cependant la belle et sa machine n'ont pas perdu de leur aura. En délivrant sans doute leur meilleur album à ce jour, le groupe évolue tout en conservant l'authenticité et la sincérité de leurs précédents travaux.

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le 6 juin 2015

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