Howie Beck
Howie Beck

Album de Howie Beck (2006)

Lorsqu'on le rencontre, Howie Beck davantage connu pour ses travaux de producteur (Jason Collett, Sarah Slean) est ravi. Et pour cause : la dernière fois qu'un journaliste des Inrocks l'a interviewé, c'était le 11 septembre 2001 et l'entretien, qui devait être publié au moment d'un concert quelques semaines plus tard, a fini aux oubliettes ? la crainte de remonter dans un avion ayant engendré l'annulation du concert. Nous n'avions donc pas parlé de ses deux premiers albums.
Rattrapons-nous immédiatement en avançant, illico presto, que son troisième, Howie Beck tout court, est vraiment très joli. Si nous n'avions pas célébré les deux ans de la disparition d'Elliott Smith cet hiver, cet album aurait un peu pu être le sien. C'est pas rien de le dire. Beck (Howie, pas l'autre) y enchaîne une douzaine de ballades folk dépouillées, des chansons aux mélodies toutes simples, souvent amochées, avec des petits trous dedans, comme des chaussettes qu'on ne veut pas jeter.
Howie Beck est un disque joliment tristoune, touchant et timide, sur lequel sont conviées des chouettes voix (Feist sur I Need Light, Ed Harcourt sur Don't Be Afraid) et dont certains refrains (Alice ; We Waited) auraient pu se perdre dans des albums de Teenage Fanclub. Dans la famille folk, et avec Jim Noir dont on attend le très beau premier album pour les prochaines semaines, Howie Beck sera certainement un des véritables amis de 2006 : celui qui ne dit pas forcément beaucoup de choses mais qui, dans ce qu'il dit, a tout compris à ce qu'on pensait de tout le reste. (Inrocks)


Neuf ans déjà après ses débuts, Howie Beck continue de distiller avec parcimonie les fragments d'une écriture de plus en plus personnelle, aussi rare que précieuse. Sorti en France en 2001, Hollow avait déjà permis de classer son auteur au premier rang des songwriters prometteurs. Ce nouvel album comble magistralement nos attentes. Et pourtant, rien n'a vraiment changé pour ce Canadien, adepte d'une écriture pop classique, donc indémodable. On y retrouve ces mélodies évidentes et célestes, ce ton à la fois touchant et intime. Celui qui pourrait parfaitement être le troisième membre de la fratrie Pernice a su, cependant, se renouveler en introduisant quelques petites touches ornementales dans ses arrangements, prévenant ainsi l'apparition de tout sentiment de redite ou d'ennui. Au-delà de l'homogénéité apparente de ces treize titres, où Howie Beck tutoie fréquemment le fantôme d'Elliott Smith tout en exorcisant le spectre du plagiat, on perçoit avec ravissement tout un ensemble de nuances, des cuivres "lovesques" de My Low aux tonalités country de Zombie Girl, sans oublier l'usage maîtrisé des cordes. Devant tant de splendeurs, c'est à peine si l'on remarque la présence d'invités aussi prestigieux que discrets, tels que Feist (I Need Light) ou Ed Harcourt (Don't Be Afraid). Indispensable aux coeurs tendres, Howie Beck est un album qui dorlote et console par sa beauté et son humanité. Juste magnifique. (Magic)
Vous voulez échapper quelques minutes au bruit et à la fureur du rock'n'roll ? Votre perfecto clouté vous fait des rougeurs dans le dos et vous ne pouvez plus le mettre sans d'atroces douleurs ? Je crois que j'ai ce qu'il vous faut : ce disque d'Howie Beck vaut largement une petite séance de massage. Treize chansons et autant de caresses, autant de doigts qui descendent sensuellement votre dos et vous donnent la chair de poule, ça ne se refuse pas, non ?

Les chansons du Canadien sont de facture plutôt classique mais, dépouillées ou somptueusement orchestrées, les mélodies se dégagent toujours avec force. On pourra certes rétorquer que quand l'inspiration s'approche des Beatles, Elliott Smith n'est pas loin, que quand les Byrds prennent le dessus ("Don't Be Afraid" ou "We Waited"), le cousinage avec le Teenage Fan Club de ces dernières années se fait plus flagrant ou que, lorsque les arrangements s'étoffent comme chez Nick Drake, il y a un petit côté Belle & Sebastian mais le chant susurré est si sensuel que toute tentative de protestation semble condamnée d'avance. Les petites perles intimistes que sont "The Books Beside Her Bed" ou "Please" n'ont guère à envier à ces artistes. Mais, attention, Howie Beck n'est pas un artiste qui se morfond sur lui-même et ce n'est pas parce que sa musique est douce qu'elle est sombre : "I Need Light" dit-il lui-même dans l'un de ses titres – "j'ai besoin de lumière", une lumière discrète et espiègle portée par un petit filet de voix et des arrangements superbes : cordes sur de nombreux morceaux ("How Do You Feel", "Please", …), trompette façon Love sur "My Low", … Howie Beck se permet même de passer de son mid-tempo de prédilection à une vitesse tout juste supérieure sur quelques morceaux (le single "Sometimes" en particulier).Avec discrétion, malice et sensualité, ce "Howie Beck" est certainement le disque idéal pour accompagner les grasses matinées du printemps qui va poindre ; allez, encore une écoute et je remets mon perfecto…(Popnews)

bisca
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le 19 mars 2022

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