Ca faisait longtemps que je n'avais plus écouté un album de Within Temptation.
le dernier en date c'était The Heart of Everything à l'époque de sa sortie. Ca ne me rajeunit pas tout ça vu que c'était il y a 11 ans, et déjà à l'époque, l'album et la direction que prenait le groupe ne m'avaient pas emballés.
Par un concours de circonstances (pour faire simple : on m'a proposé leur concert à Esch sur Alzette fin novembre, j'ai voulu écouter le dernier album, je me suis planté sur Deezer), j'ai lancé Hydra.
Premier morceau et.... wouah ça a pas changé en 11 ans. Let Us Burn ressemble exactement à ce que le groupe faisant déjà sur Silent Force et The Heart of Everything. Apparemment je n'ai rien perdu pendant ces 11 ans. Et ça ne m'emballe toujours pas.
Bon j'ai passé une bonne partie du morceau a remplacer mentalement le riff et le chant du refrain par ceux de Let It Burn d'Avatar vu que je commençais (déjà) à m'ennuyer. C'est pas honteux, mais c'est loin d'être dingue. C'est bateau, banal, routinier. Ca fait le job, mais on peine à savoir de quel job on parle.
S'en suit un autre morceau sympa sans plus et on arrive sur le titre qui a failli me faire stopper l'écoute au bout d'à peine 10 minutes.
And We Run.
J'ai... j'ai pas les mots.
Enfin si je les ai, mais je n'ai pas les mots polis.
Alors avant tout, bien qu'étant un bon metalleux des familles, je n'ai pas d'a priori sur le rap. Il m'arrive même d'en écouter un peu de temps à autre. (les mots clés étant "un peu" et "de temps à autre")
Et s'il y a bien une chose que je reconnais sans hésiter une seconde, c'est que rap et métal peuvent se marier pour le meilleur. On citera évidemment les indispensables Rage Against The Machine ou plus récemment (et dans une moindre mesure) Hollywood Undead qui arrivent à introduire un rap follement énergique dans leur morceau pour en décupler la puissance.
Là on est en face le syndrome inverse : un rap à gros sabots bien mollasson sur un morceau déjà pas follement nerveux qui tire tout vers le bas.
J'ai serré les dents en me disant qu'une fois ce... truc passé, ca pourrait reprendre son rythme gentillet de métal pas méchant pour ex-ado pas trop rebelle.
Et en effet, on est revenu au métal gentillet et tout lisse prévu.
Au fil de l'écoute, une autre chose a commencer à me frapper.
L'album est atteint du syndrome du râteau.
On a quelques morceaux "comme avant" pour les gens qui écoutent depuis longtemps (soit l'équivalent musical du fan-service)
On a un morceau (de m...) avec un rappeur (et pas un bon) pour plaire aux gens et écoutent aussi du rap
On a un morceau avec un monsieur énervé qui grunt (mais pas trop fort quand même) pour plaire aux gens qui écoutent aussi du métal plus intér... extrême
On ajoute de l'électro ça et là pour plaire aux gens qui aime ça (j'en fais partie, quand c'est bien fait, et c'est la branche du râteau que j'ai mis le plus de temps à déceler pour cette exacte raison))
On a deux ou trois ballades parce qu'on est des gentils
On a un single passe-partout en duo avec Tarja (probablement le meilleur titre de l'album cela dit)
Et on termine par un duo qui dégouline tellement de guimauve que même Disney n'en voudrait pas en générique de son prochain film de princesse.
Le CD veut plaire à tout le monde. Il est ami avec tout le monde, il pense à tout le monde.
Comme un produit mal calibré, designé par des marketeux débiles pour plaire un peu à tout le monde.
Ca pue le calcul à chaque morceau. Pas le calcul qui résulte d'une production léchée ou de l'inventivité. Plutôt le calcul cynique visant à attirer une case d'auditeur supplémentaire à chaque morceau.
Ca n'a pas d'âme.
Du tout.
J'ai rarement entendu un album aussi désincarné.
C'est dommage, mais bon, déjà sur Silent Force on la sentait cette tendance à gommer ce qui pouvait gêner le fameux et fort fantasmé "auditeur moyen" (exit le guttural de Enter, tempérée la longueur de certains morceaux de Enter et Mother Earth).
On dira que je n'ai pas été surpris du coup.
C'est globalement écoutable, surtout si on fait autre chose en même temps, mais c'est plat, c'est creux, ça ne va nulle part.
Même les groupes qui en sont rendu à répéter inlassablement la même formule arrive tout de même (en général) à garder des caractéristiques positives (on dira "c'est toujours aussi énergique" ou "c'est toujours aussi bien construit" ou "ils sont toujours aussi bon sur leur instruments").
Là rien. A part "c'est toujours écoutable en rangeant mes chaussettes" je n'ai rien à en dire.
Enfin, ce bref retour à Within Temptation m'aura au moins fait économiser 35 balles dans une place de concert.