I Am Kloot
7.1
I Am Kloot

Album de I Am Kloot (2003)

Nul doute qu'ils ont porté des vieilles parkas kaki par-dessus le Fred Perry, les jours de crachin. Ni qu'ils ont écumé les pubs le samedi soir pour oublier les livres dépensées aux courses de lévriers. Qu'ils ont pris quelques verres de trop même et pissé dans le caniveau après, s'appliquant tant bien que mal à ne pas viser les vieilles Adidas à trois bandes. Absolument aucun doute, aussi vrai que Kloot signifie couille, les gars d'I Am Kloot sont anglais. Et le joyeux trio revient deux ans après son premier album Natural History, des taches de rousseur plein les joues et des couplets de Britons plein la sacoche. Certes, rien de révolutionnaire dans leur besace. La voix de John Bramwell rappelle celles maintes fois entendues des charmantes canailles dont Liverpool et Manchester semblent être les réserves naturelles. Avant d'avoir de la barbe et d'enchaîner les pintes de Lager, les trois fanfarons ont en effet dû engloutir des litres de La s et de Lightning Seeds dans leurs berlingots d'écoliers roux. La pop, cette vieille chose sur laquelle est passé tout le nord-ouest de l'Angleterre, leur a pourtant conservé quelques pans de fraîcheur, de virginité, comme les obsédants Proof ou From Your Favourite Sky. C'est peut-être pour fuir cette étiquette scally-pop qui planait au-dessus de leurs capuches de duffle-coats que les trois gars se sont ouverts à un univers plus jazz (A Strange Arrangement of Colour), voire plus rock (Life in a Day). Sans surprendre vraiment, le résultat rassure quant à l'avenir des groupes à Clarks. Pas couillonne, la musique d'I Am Kloot. Juste cool. (Inrocks)


Deux ans et demi après un premier album, Natural History, tout simplement remarquable et salué comme il se doit en couverture de votre magazine préféré, le retour de ce trio mancunien un temps assimilé à quelque vague acoustique était attendu avec une appréhension perceptible, entretenue par un single avant-coureur tel que Life In A Day. Seul morceau produit à l'arrivée par Ian Broudie (des Lightning Seeds, mais également responsable du son de la moitié de la pop britannique des vingt dernières années, avec le Magic & Medicine de The Coral comme récent point d'orgue) contre une bonne moitié au dénommé Chris Potter (The Verve), cet exercice de rock bêtement psychédélicoboogiesque enfonce largement à tout prendre tout ce qu'a pu faire Oasis depuis 1997. Et marque surtout une volonté nouvelle d'être entendu du plus grand nombre parmi le concert de grandes gueules, rock ou pas, qui occupent l'essentiel du paysage musical actuel. Pour ça, bien entouré d'Andy Heargraves à la batterie et Pete Jobson à la basse, capables d'emballer une trame trop réminiscente de la scie Hotel California (en introduction de From Your Favourite Sky), le chanteur-guitariste-compositeur-leader (n'en jetezplus...) Johnny Bramwell bénéficie d'un atout maître autre qu'une belle prestance (bien qu'il aurait un temps été le gendre de Joan Collins, "from Dynasty fame") : une voix en or ! Ce type pourrait aussi bien chanter le bottin que l'auditeur n'y verrait que du feu. Mais depuis le single Twist sorti pour la Saint-Valentin 2000 et son "There's blood on your legs/I love you", ce Johnny-là a fait ses preuves en tant que songwriter, et peut se permettre de parodier Bob Dylan (Proof) avant de tutoyer Ray Davies des Kinks (Sold As Seen ou Not A Reasonable Man). I Am Kloot envoûte sur la longueur, jamais monotone, mais qui osera par exemple résister au piano du seul Here For The World ? Pas moi, pas vous, surtout pas en cette fin d'été.... (Magic)
Estampillé un peu rapidement New-Folk-je-ne-sais-quoi à la sortie de son premier album par une presse anglo-saxonne toujours prompte à dégainer la mitraillette à étiquettes, I Am Kloot avait à l'époque cueilli tout le monde avec ses petites vignettes naturalistes. Ou l'art de trousser, dans le plus simple appareil, des chansons imparables, rapidement addictives, vachardes et néanmoins attachantes. On était cependant en droit de se demander ce que donnerait la suite des ces aventures apparemment copieusement arrosées à l'heure où ce pseudo revival folk n'est déjà plus qu'une mauvaise blague de journaliste en mal d'inspiration. Première bonne surprise à l'écoute de cet album éponyme, le trio mancunien n'a rien perdu de son talent de mélodiste. Une écoute suffit amplement à vous incruster en tête pour le reste de la semaine ces mélodies intemporelles où la nonchalance le dispute à la rancœur ("From Your Favorite Sky", indéniablement tubesque, ou le génial "Cuckoo"). Deuxième bonne surprise, loin de vautrer dans la surenchère en s'octroyant les services d'un quelconque magicien de la console (Ian Broudie n'est finalement crédité que sur le tribal "Life In A Day") ou en convoquant un orchestre symphonique, I Am Kloot joue une fois de plus la carte de l'épure et de l'authenticité. Et force est de reconnaître que cela sied plutôt bien à la bête. Certes, l'avenir de la musique ne se joue pas là, et la pop désenchantée de John Arnold Bramwell et ses acolytes n'a visiblement rien de très très original. Reste que ce trublion habité par la grâce n'a pas son pareil pour camper en quelques accords et à peine plus de mots notre réalité dans ce qu'elle a de plus commun et de plus fantastique. Profondément humain. (Popnews)
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le 28 févr. 2022

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