Salt Lake City n’abrite pas seulement d’étranges sectes obscures à tendance polygame. On y trouve aussi des groupes de hardcore salement amochés et atypiques tels que Gaza. Un quartet qui mettra tout le monde d’accord à la livraison de son premier objet au titre réjouissant, I Don’t Care Where I Go When I Die, en 2006.

Sauvage. Première impression après l’entame expulsée sans détours dans nos ouailles non-préparées (Calf, I Don’t Care Where I Go When I Die). Une sauvagerie qui s'avérera permanente, illuminée par un rendu sonore d’une puissance pénétrante. Les guitares explosent, détruisent la rythmique de manière constante, basse et batterie écrasent ou martèlent joyeusement jusqu’à ce que le tout soit bien amalgamé avec notre métabolisme conquis. La voix, éructée et martyrisée, viendra nous vriller le cerveau par ses multiples variations hurlées effrayantes, entre Sean Ingram (Coalesce) et Jacob Bannon (Converge), une folie maladive bien particulière en plus.

Alors oui, ce disque est d’une violence inouïe, mais il est surtout maitrisé de bout en bout. Le jeu de batterie est absolument dantesque sur la plupart des titres, brutal et subtil à la fois. Une majeure partie des structures sont construites et alambiquées à la sauce Botch (Hospital Fat Bags, Gristle, Sire, Cult), qu’on imagine bien être une de leurs influences principales. On pourra éventuellement reconnaître un peu de Converge dans les guitares fougueuses, véloces et carnassières, ou bien du Will Haven ainsi que du Old Man Gloom sur les plus lourds passages. Des ralentissements sludge magnifiques viennent d’ailleurs enfoncer le disque davantage, en y ajoutant parfois quelques mélodies crasseuses bien senties (Hospital Fat Bags, Pork Finder), ou alternant avec brio vitesse d‘exécution et plombage gras (Sire, Hell Crown, Moth, Pork Finder). Sans détailler entièrement chaque piste, on peut constater l’appétit gargantuesque de Gaza, se nourrissant d’une bonne dose de hardcore déglingué des années 90/2000.

Mais Gaza c’est avant tout une rageuse personnalité, un putain de caractère profondément intègre et engagé, une humanité écartelée qui hurle sa colère et son désespoir face aux dogmes de la haine et de l’argent, les tripailles à l’air. Ce disque est sauvage, radical, chaotique, il nous pousse dans nos derniers retranchements émotionnels et – de ce fait – en devient indispensable.
herEgen
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le 6 août 2012

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