Jess (voix), Finlay (guitare) et David (batterie), sont londoniens, amis depuis plus de dix ans, et constituent le trio Still House Plants. Si "If I don't Make It, I Love You" n'est pas leur premier essai discographique, leurs travaux précédents, bien que lacérés de certaines fulgurances, sont plus comparables à des "sketches" et ne jouissent pas de cet indicible chatoiment, ni de cet art de concevoir un album telle une subtile cartographie de l'intime.


Conçu et produit en trois strates, où la voix occupe le premier plan, la guitare en accompagnement harmonique plus distant, et la batterie (virtuose sur le plan technique il faut bien le reconnaître) résonne comme encore un peu plus éloigné. On devine chez le guitariste et le batteur un background jazz, ou math-rock, qui ne sonne pourtant comme jamais démonstratif. Jouer les uns pour les autres semble être le parti pris, où les éléments les plus maîtrisés prennent du recul au profit de ce qui s'élève comme plus viscéral, plus cathartique : le chant.


Les mélopées de Jess, parfois comparables à de répétitives vocalises soulful, même satinées d'élans R&B, exposent en toute désinvolture certaines limites ou faiblesses. Un songwriting simple mais pas simpliste, abordant des thèmes un peu énigmatiques. Amours, sentiments et questionnement diffus. La voix semble par moments chanceler, chuter, puis se relever pour finalement, encouragée par les instruments et l'auditeur attentif, atteindre avec brio le point d'orgue de sa course.


Ce qui rend cet album aussi important, humain et touchant, outre que la spontanéité prime sur tout le reste, c'est sa manière de résonner comme enregistré en une ou deux seules prises, comme pour assumer sa fragilité et son faussement bancal contraste, entre maîtriste totale instrumentale et parties vocales qui viennent avant tout des entrailles. Au gré des écoutes, on devine certains recours analogiques pour ajouter juste ce qu'il faut d'effets, sans pour autant s'associer à ce que l'expérimentation a parfois de plus chiant.


Joyaux de l'album, les somptueux "Silver Grist passes thru my teeth" et le "More More Faster" de clôture, prennent l'écoutant à contre-pieds avec un recours à des pulsions plus saturées, plus électriques et à un songwriting autrement plus dense.


If I don't make it, I Love you est en tous cas un album qu'on garde au plus près de soi pour mieux s'y blottir quand l'urgence se fera sentir. N'est ce pas l'apanage des grands disques de "pop" sensibles qui font vibrer le ventre et l'intime ?

Créée

le 13 oct. 2024

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