Hypnotique et captivant, les adjectifs que j'utiliserai pour qualifier ce second opus d'un "obscur" groupe de prog (tout est relatif). Long d'une heure, tous les morceaux sont assez travaillés et bien produits pour qu'aucune chanson éclipse les autres. Le public aura retenu principalement Shine on me et You, mais n'importe lequel des morceaux est une pièce originale et techniquement brillante. Le seul défaut que je peux trouver à l'album est sa pochette, kitsch et laide au possible...
On attaque avec We cannot move, son riff de guitare psychédélique et ses complaintes vocales. On est instantanément emportés dans l'ambiance lancinante de ce Kingston Wall II. Istwan, plus joyeuse, est une instrumentale aux sonorités venues d'ailleurs. On se rend compte de l'ampleur de la qualité de la production, très léchée. Après cet interlude exotique, Could it be so fait office de suite à We cannot move. La voix de Petri Walli est baignée d'une aura dramatique, presque prophétique. La batterie, effrénée, est assurée par un Sami Kuoppamäki survolté aux champignons depuis le premier album. Après, And it's all happening nous emmène dans une valse instrumentale qui nous surprend par son tempo qui se saccade pour rythmer une danse infernale. Pendant 6 minutes, nos pensées s'emportent dans le tourbillon de notes.
Je n'ai pas encore évoqué le troisième membre du groupe, le bassiste Jukka Jylli, qui pourtant ne démérite pas. Il structure le tout en ajoutant une dimension organique. Kingston Wall II est définitivement un album hors de son temps, à la fois ancré dans les déboires progressive des seventies et pourtant en avance sur les productions contemporaines à sa publication. Love Tonight et Two of a kind, sensuelles et entraînantes, mettent la basse en avant. I Feel Love, reprise de Donna Summer, est plus rythmée, et la batterie prend de l'ampleur. Cette partie de l'album, peut-être la moins fascinante, reste très au-dessus de bien des morceaux de rock prog/psyché. Labyrinthique et techniquement travaillée est la musique de ce groupe finlandais.
La dernière partie de l'album est définitivement la meilleure. Shine on me est la balade romantique. La voix de Petri Walli me fait littéralement rêver. L'orchestration avec les parties de guitares et la basse qui concrétise le tout nous emmènent dans le monde de Kingston Wall : un monde varié et aguicheur. La sensualité côtoie la technicité dans un univers que j'imagine comme une jungle en plein moyen-orient, baignée dans un coucher de soleil apocalyptique. Les trois membres du groupe, drogués sur un tapis volant surplombant le tout, décrivent le spetacle avec une main de maître. Les événements et les sensations sont retranscrites avec une justesse absolue, génialement ponctuée par le saxophone de Sakari Kukko. On continue l'aventure avec You. Mon morceau préféré de l'album. Une voix féminine m'évoque des fresques épiques et fantaisistes. Les chants de Petri Walli accompagnent le tout. S'en suit une épopée progressive que les mots ne peuvent qualifier. Si vous aimez les envolées de Camel, Caravan ou Yes, vous adorerez You. Je vais passer sur cette merveille pour vous laisser l'apprécier simplement. Palékastro, encore une instrumentale épique et mélodieuse, conclue l'album avec grandeur et noblesse.
Avec ses 10 morceaux, Kingston Wall II est devenu dès la première écoute, un de mes albums préférés. Exotique, oriental, mélodieux, technique, hypnotique, captivant, un must-listen pour fans de prog, de psyché ou de musique en général.