Je me baladais l'autre jour dans une boutique d'objets culturels d'occasion lorsque je suis tombé sur cette curiosité : un album regroupant deux de mes artistes préférés, soit Philippe Katerine et J.P. Nataf. Pour la modique somme de deux euros, je n'ai pas hésité à me procurer ce qui, de prime abord, me semblait être un excellent album puisque regroupant ces deux artistes-là.
Erreur!
J'ai été déçu. Pas énormément déçu, certes, mais déçu tout de même. On ne retrouve pas le son de Katerine ni celui des Innocents. L'album se laisse écouter bien sûr, mais il n'a pas la saveur à laquelle je m'attendais.
S'il m'est difficile de juger la prestation des deux femmes qui chantent sur l'album, ne connaissant pas l'une d'elles du tout et sachant simplement que Helena Noguerra est la sœur de Lio et la femme de Katerine lorsque l'album est sorti, il ne m'est pas impossible de juger l'album dans son intégralité et plus particulièrement les morceaux dans lesquels Katerine et Nataf apparaissent.
S'il est aisé de juger, en 2020, les excellentes productions récentes des deux hurluberlus, ma critique reste la même si elle avait été faite en ne prenant en compte que les CDs sortis avant 2007. Si Katerine a émergé quelques années auparavant avec son fameux "Louxor, j'adore!", Nataf est connu pour son travail avec les Innocents, qui ont alors disparus de la scène depuis quelques années déjà. Il a tout de même fait des albums solo, dont un que je dois réécouter et qui m'avait à la première écoute déçu.
Fatalement, un auditeur lambda comme moi, qui apprécie le son classique des Innocents ou de Katerine (s'il a un son classique!), j'ai été déboussolé, perdu, face à cet Imbécile. En rentrant chez moi après mon achat, j'ai même été surpris de découvrir qu'Olivier Libaux est le co-créateur de l'excellent projet Nouvelle Vague, qui n'a rien à voir avec cette production. Une brève recherche nous apprend même qu'Imbécile est l'un des albums favoris de Libaux, qu'il écoute je cite "une fois par mois". Comme quoi, les goûts et les couleurs...
On notera dans cet album une originalité, le fait qu'il s'agisse d'un album-concept, composé comme une pièce de théâtre, chaque interprète jouant un rôle comme indiqué à l'arrière de la jaquette. C'est peut-être là le problème que j'ai avec cet album, le fait que le texte soit plus important que la mélodie. Malheureusement, je me concentre d'abord sur la mélodie avant d'explorer le texte. La mélodie m'aurait attirée, je me serais plongé avec intérêt dans les paroles. J'aurais d'ailleurs apprécié un propos plus explicite, liant plus directement le texte aux personnages (par exemple, que le personnage de René soit explicitement cité dans une chanson, en particulier s'il n'apparaît pas dedans). Si l'absence d'apparition des personnages peut s'expliquer afin de permettre à chaque chanson d'être indépendante, cela est peut-être dommage dans un tel concept.
Ma note de 6 s'explique ainsi, pour faire court : si l'album est sympathique et qu'il se laisse écouter, j'ai été déçu de ne pas y retrouver ce que j'aime chez deux, et même trois artistes que j'apprécie beaucoup. L'effort fourni est j'en suis sûr important, mais la mélodie n'a pas su me séduire. N'est pas Brassens qui veut! Si comme moi vous appréciez les œuvres de Katerine ou Nataf, alors n'hésitez pas à écouter Imbécile, ne serait-ce que par curiosité (surtout si vous le trouvez à un petit prix comme moi). Cet album s'écoute, mais se réécoute-t-il?
En terme d’imbécillités, j'aurais plutôt tendance à me tourner vers la chanson "Imbécile heureux" de Katerine, parue quelques années plus tard sur Magnum.