Moins angoissant que ses prédécesseurs. Richement texturé en drones stratosphériques. Méditations tonales pour de profondes immersions dans l’espace de vie, nouveaux prétextes aquatiques à explorer l’état hypnagogique entre veille et sommeil, dit le prospectus. Sans blague. Si vous n’avez jamais mis la tête dans un bidet rempli, c’est vrai que c'est peut-être le moment de tenter l’expérience. Ou pas.
Alors, lumineux ou lugubre ? un peu des deux, mais vous n’osez pas vous l’avouer, hein, au prix que ça coûte, un triple CD, même dédicacé par l’auteur comme il le fait bien volontiers sur simple demande quand on lui achète par correspondance. Des fois il joint à son envoi un petit caillou de l'Arizona, dédicacé lui aussi, là-bas ils ne savent plus où les mettre alors quand il arrive à en glisser un dans l'enveloppe, ça débarrasse un peu, pensez donc, je me rappelle que comme c'est un triple album il m'avait envoyé la moitié de Monument Valley (celle qui joue la réserve Cheyenne dans les films de John Ford alors que c'est la réserve navajo) stabilotée au marker gros grain, et le facteur avait gueulé parce que les frais de port (2 timbres à $5,50) avaient été un peu sous-dimensionnés.
Interminable Immersion, en tout cas. Pas aussi pénible que le supplice de la baignoire, mais quand même, il me semble que même le fan le plus hardcore de Steve en ressort éprouvé, et plus qu'humide : imbibé. Sur le CD 2, Sleep Chamber, la dynamique du son est curieusement étouffée, comme un disque pirate de Steve Roach enregistré sous la pluie à travers un sac de couchage. Quant à Still, sur le CD 3, le son est raréfié, et l’air rationné, dans cette pièce achromatique, idéale pour garder la chambre funéraire.
Je mets une étoile pour la patience de l’auditeur qui s’aventurera dans cette flaque. N’oubliez pas d’acheter le flacon de crème à récurer pour ravoir le bidet après.