Cabrel nous revient donc, 7 ans (!) après son dernier album original, l'excellent Des Roses et des Orties, et 3 ans après un album de reprises, ou plutôt d'adaptations, de chansons de Bob Dylan (Vise le ciel)
Même si je suis un grand fan de Cabrel, à la première écoute, In Extremis m'a paru moins abordable mélodiquement et musicalement que ce qu'il a l'habitude de proposer. Pourtant, je retrouve vraiment ce que j'aime chez l'artiste : le regard porté, les mots utilisés et les images qui en découlent. Cette sensibilité, cet angle d'attaque qu'à Cabrel pour aborder un sujet d'une manière personnelle, intime, profondément humaine. Je trouve que c'est dans la mise en musique en fait, que l'inspiration manque et que le bât blesse un peu par moment.
L'album n'en reste pas moins intéressant, et semble se bonifier au fil des écoutes. C'est un ticket qui permet de voyager dans des moments de vie et d’histoire, tout en restant dans son canapé.
Malgré leurs références au passé, Azincourt (sur la bataille sanglante du même nom) et In Extremis (sur la disparition de la langue occitane) livrent finalement des sentiments très actuels sur les affres du combat, et très préoccupés sur l'acculturation. C'est bien connu, l'histoire se répète sans cesse.
Préoccupé, Cabrel l'a toujours été, il en remet une couche avec Dur comme fer en ouverture de l'album, et Pas si bêtes qui abordent le sujet des hommes politiques et de la désillusion, voire du désenchantement, vis à vis d’eux et de leur discours.
Avec également Le pays d'à côté, dans laquelle on peut interpréter un double discours : le repli sur soi, l'indifférence vis à vis des autres, ou alors une réponse au célèbre adage de l'herbe qui est toujours plus verte ailleurs.
Et malgré tout, le message que l'espoir est là. Qu'il faut rester debout, se battre, ne pas s'incliner, à l'image de Mandela, pendant ce temps et Dans chaque coeur, sur le Christ porteur d'amour universel jusqu'à son dernier souffle.
L’amour. Toujours dans le répertoire de Cabrel.
Un amour plus personnel, l’amour pour sa femme, cet amour inconditionnel et reposant (A chaque amour que nous ferons) qui dure et qui donne la volonté d’affronter le temps qui passe ensemble (Partis pour rester), ou l'amour pour ses filles qui grandissent, descendent des manèges et s'enfuient loin de leurs parents (Les tours gratuits). Un amour fané et démodé dans La voix du crooner.
Le voyage avec Cabrel se termine avec en bonus Les fontaines du Jazz, petit hommage à sa manière, à quelques uns de ses héros musicaux et à ce genre qu'il apprécie.
Même si on est un peu en dessous du précédent album original de l'artiste, je vous encourage quand même à prendre ce ticket In Extremis, ça vaut le coup.