Cet album dont les enregistrements commencèrent 7 mois après la fin du premier album est un voyage tourmenté sur des mers déjà visitées et inconnues.
Il mérite beaucoup plus que l'habituelle critique facile qu'on fait de lui et il annonce, avec Keith Tippett et son piano jazzy, le son de Lizard et Islands.
Il y a peu de groupes , sinon aucun, qui a réussi à faire des séquelles de génie... King Crimson réussit ici avec une musique aventureuse et, parfois jouant les miroirs du premier album, à faire cela avec inspiration, risque, chaos et invention. Ce qui est le véritable sens du mot prog.
Son interprétation de la planète Mars de Gustav Holt laisse loin derrière tout ceux qui s'y essayèrent du Japonais Tomita au groupe super connu que je nommerai pas . King Crimson c'est une part de folie qui toujours , sans cesse, durant les années 70, revient comme une vague. Il faut être prêt à cela, à ses dérives, à ses tempêtes.
On navigue parfois sur un paquebot, parfois sur un radeau, mais le radeau a ses charmes aussi et le fait d'être en mode survie est fort honorable et plus passionnant que tous ses groupes qui tentèrent de le copier et qui errèrent dans son sillage et ils sont légions. La démence ici ne se situe pas dans le lancement d'orgues sur le plancher ni dans le fait de jouer les fous sur une patte en sur-jouant la flute traversière, non ici la plongée dans les gouffres marins est réelle et inimitable (sauf pour VDGG). Cela est au-delà de l'analyse logique et scolaire que certains font dans leurs critiques. Nous sommes en mers profondes et le roi cueille des coquillages inconnus et certains donnent des perles, d'autres tranchent l'oreille.
King Crimson est le grand maître avec VDGG des abimes et même ses faiblesses deviennent des forces, comme chez les Dieux, comme chez Poséïdon.
Cadences et cascades dans le triangle du diable. Le calme avant la tempête, après la tempête le calme....et à la fin la paix retrouvée après la découverte de continents fabuleux et inconnus sur des bateaux ou des esquifs ! Le roi est mort (comme à chaque album) Vive le roi !