Makaya McCraven – In These Times (2022)
Makaya est de retour avec un album qui a une particularité assez étrange : Il sort sur trois labels en même temps, les sigles se côtoient sur le macaron de l’album, « International Anthem » bien sûr, mais aussi « XL Recordings » et « Nonesuch Records », mais ce dernier était déjà là. C’est également un album de rassemblement et d’amitié, mais là on est habitué :
Junius Paul à la basse et aux percus, Jeff Parker à la guitare, Brandee Younger à la harpe, Lia Kohl au violoncelle, De'Sean Jones à la flûte et au sax, Matt Gold à la guitare, aux percus et au sitar, Marquis Hill à la trompette et au bugle, Joel Ross au vibraphone et au marimba, Greg ward et Irvin Pierce aux saxs, Greg Spero et Rob Clearfield aux claviers. Sans oublier ce qui restera un marqueur de l’album, une section de cordes est en effet présente et intervient à intervalles réguliers.
En fait l’album a été enregistré sur sept ans, ça nous plonge loin, c’est le fruit d’une sélection qui s’est opérée à partir d’enregistrements provenant de cinq studios et de quatre concerts enregistrés. A partir de ce matériau de base Makaya a opéré à la façon d’un Teo Macéro en faisant du collage, de l’overdubs et du sampling. Makaya a même utilisé une section de cordes enregistrée live. Cette montagne de documents sonores a exigé un énorme temps pour être écouté, sélectionné, découpé, monté, collé, traité, un « puzzle géant » selon son expression, jusqu’à arriver à ce résultat final, tout de même pas mal du tout.
C’est encore un album au-delà des genres, où il se sent étroit. Bien sûr le jazz est là, impossible de le nier, mais il y a de l’ambiant, de l’électro et même un zeste d’influence « classique ». Ce mélange donne une couleur assez inédite à cet album très personnel, différent de ce que Makaya a entrepris précédemment. Dès le magnifique « In These Times » qui ouvre l’album, on le comprend. Cette musique convient à une infinité de situations et l’auditeur peut se faire accompagner un peu partout par cette bande sonore très cool et agréable.
On pense par exemple à « Lullaby » qui clôt la face une en mettant en avant la harpe de Brandee Younger à partir d’un air folklorique Hongrois, c’est évidemment très surprenant, mais la propre mère de Makaya est une musicienne originaire de ce pays, ceci explique cela, et nous voilà transportés dans un univers folk raffiné et étonnant, totalement inattendu de la part de ce chasseur de Hip-Hop auquel nous sommes habitués.
C’est bien Makaya lui-même qui fait l’unité de cet album au fil des onze pièces qui défilent, son jeu de batterie est exceptionnel, un véritable régal à l’écoute, brillant, étonnant et riche d’une très grande variété de styles et de touchers. Je peux me tromper, mais je vois cet album comme marginal, un peu de côté, une direction qui n’aura peut-être pas d’albums successeurs, mais cela dépend peut-être de l’accueil qui sera fait à l’album…
A noter que la version japonaise en Cd contient deux titres supplémentaires, pour ma part j’ai le vinyle, la qualité sur ce support n’ayant jamais été défaillante chez International Anthem, je continue sur ma lancée, mais les prix montent sévère et les temps sont durs…