Khan Jamal – Infinity (1984)
Voici la réédition d’un album sorti en version originale sur un label obscur « Con'brio Records » en quantité très limitée, l’album a connu ensuite quelques rééditions souvent chères également. Mon exemplaire est certainement le seul à prix modéré et raisonnable, sur « Jazz Room Records », mais si je me fie à ce que j’entends, le pressage est tout de même assez moyen, il date de deux mille vingt et un.
Par contre au niveau musical c’est plutôt bon. Khan Jamal est un musicien que j’ai découvert avec l’album « Cool » que j’ai beaucoup apprécié, ce disque-ci bénéficie d’une grande réputation, sans doute exacerbée par la rareté des versions antérieures. Le leader est vibraphoniste de grande classe, sur cet album il joue également du marimba. Il appartient à peu près à la même génération que Bobby Hutcherson ou Roy Ayers mais n’a enregistré qu’assez tard, il s’entoure d’amis de la communauté jazz de Philadelphie.
Il est accompagné par Byard Lancaster à l’alto et aux flûtes, Bernard Sammul au piano, Reggie Curry à la basse, Omar Hill aux percussions africaines et à la conga et Dwight James à la batterie. Que d’excellents musiciens auxquels il faut ajouter deux invités sur « Infinity », Clifton Burton à l’harmonica et Sunny Murray à la batterie.
L’atmosphère est très « relax », la première pièce, « Nubian Queen » est traversée par les flûtes de Byard qui s’en donne à cœur joie, on ajoute le vibraphone et les percus et nous voilà transportés dans l’exotisme des Antilles ou des pays chauds… Ça balance et ça groove sympatoche, l’entrée en matière est réussie, mais le titre suivant n’est pas mal non plus !
C’est le morceau titre « Infinity » avec ses deux invités, le tempo est un peu plus vif et balance très agréablement, après le solo de Byard c’est l’harmoniciste Clifton Burton qui nous régale, ce qui n’est pas très courant dans le jazz car ici la structure n’est pas blues. Hélas la pièce ne dépasse pas les cinq minutes, on en aurait souhaité davantage encore.
« Lovely Afternoon » est plus contemplative voire romantique même, la mélodie est magnifique et correspond parfaitement à ce bel après-midi annoncé, au piano Bernard Sammul est remarquable. Aucun faux pas sur cette première face, de quoi en effet entretenir une certaine réputation autour de cet album rare.
Deux pièces sur la face B, tout d’abord « The Know Unknown » dont on apprend que ce titre aurait connu une carrière parallèle dans les compiles consacrées à l’Acid Jazz, ce qui n’est pas la première idée qui surgit lors de son écoute, mais la pièce est vraiment remarquable, bien rythmée il est vrai et surtout assez vite entêtante.
Pour finir la seule pièce qui n’est pas signée du leader Khan Jamal, « The Angry Young Man », une composition du pianiste très chouette elle aussi, vive et enjouée. Un bon album donc.