Instinctive Dérive
7.5
Instinctive Dérive

Album de X Makeena (2007)

Des bruits lointains de tuyaux qui tombent. Des notes de violon en arpège, un écho de clavier. Puis une basse. Lente d'abord, puis plus rapide. Enfin les machines. Les sons deviennent chaloupés, et ça y est les voix se lancent sur cette plage sonore, forte et accrocheuse, une sorte de drum & bass forcée, mais simple, et qui accompagne le texte de cette « Marche mouteuse » ; c'est avec détermination que commence ce deuxième opus du groupe X Makeena. Ce quintet sonore enchaîne alors les concerts ; au vu des photos du dossier de presse, les concerts révèlent une mise en scène étrange et ténébreuse. Une oppression que l'on retrouve donc à travers ces onze titres ; on se croirait assis à côté d' une vieille usine industrielle à l'abandon où résonneraient des textes sous des plafonds verdâtres. X Makeena c'est un peu glauque, et ça n'est sûrement pas fait pour aller ramasser des pâquerettes un jour de printemps ; mais leur Instinctive dérive est loin d'être ennuyeuse.
Tout d'abord pour leur utilisation quasi organique de l'électronique, jouant avec les sons et les ambiances, rompant ainsi avec une drum & bass classique et certainement pas reliée à la drum & bass de Zenzile, oubliez les voyages à l'autre bout du globe. Ici la drum & bass se fait plus violente, plus dense, comme dans une forêt sombre aux branches emmêlées, où la base rythmique rapide tranche avec des sons qui s'étalent et créent cette atmosphère fantomatique. « The chase » invite ainsi un violoncelliste, puis il y a parfois des emballements expérimentaux comme l'instrumental final de « Hollow eyes » , annonçant un titre « En orbite » qui devient carrément technoïde, dont le scratch est assuré par Robert le Magnifique (tout un programme). L'introduction saturée de « Watch me explode » finit d'enfoncer le clou de l'univers inquiétant d'X Makeena.
Mais tout cela c'est oublier le hip-hop qui se pose sur cette base électronique ; un rappeur, parfois rejoint par un deuxième, qui déballe un flow collé à la rythmique ; les mots sont en accord total avec l'arrière plan sonore, comme une marche pour le premier titre, puis plus rapide en anglais comme sur « Noise conspiracy » ou « Frenetik », titre qui est sans doute le plus réussi du disque. Les mots filent d'une voix assez mystérieuse, parfois allongés d'un écho lointain (« Marche mouteuse ») ou carrément hachés par l'électronique (« Karma »).
Cette Instinctive dérive vogue donc sur des flots agités où l'auditeur sera remué par de nombreuses vagues ; un disque mystérieux qu'il faut sans doute aller découvrir sur scène pour en apprécier une autre dimension. Attention, OVNI hybride en marche.
LeBarberousse
8
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le 22 déc. 2011

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