Intégrale Billy Holiday Lester Young 1937–1946 par xeres

Billie Holiday With Lester Young – The Man I Love 1937-1939 (1991)

Billie Holiday - Lester Young – Lady Day & Pres 1937-1941 (1992)

Billie Holiday - Lester Young - Intégrale Billy Holiday Lester Young 1937–1946 (1998)


Ces enregistrements qui réunissent Billie et Lester Young ne se veulent pas complets ou à destination des collectionneurs, c’est un assemblage des masters, ce qui reste le plus agréable à écouter en tant qu’amateur. Les spécialistes se tourneront vers la complète en trois Cds chez « Frémeaux & Associés » avec toutes les prises et où rien n’a été oublié. Chez ce dernier éditeur on peut trouver, avec un son de meilleur qualité mais dans un ordre différent, les mêmes titres sur un seul Cd, « LadyDay & Pres » avec le petit macaron « Prix de l'Académie Du Jazz » et un autre « Disque de l'Année-Disque d'Or » en provenance du "Guide du Cd".


L’aventure entre lester Young et Billie commence début trente-sept, en janvier, par intermittence car Billie court le cachet. Quand elle rencontre Lester Young c’est une sorte de coup de foudre, et Billie n’est pas farouche, mais, parfois, les deux ressemblaient plutôt à un frère et à une sœur, quand ils étaient ensemble et qu’ils échangeaient.


Billie était toujours heureuse quand Lester était là et qu’il l’accompagnait : « J’adorais le feeling de Lester, au début tout le monde trouvait sa sonorité trop fluette, mais je lui disais, ne t’en fais pas ils finiront tous par t’imiter ! » Il faut dire que Lester vivait un peu dans son monde, un peu barré, et ça séduisait Billie, elle aussi parfois décalée, les deux, ensemble, formaient un drôle de couple.


Après les enregistrements du vingt-cinq janvier trente-sept, Billie est partie dans l’orchestre tout blanc d’Artie Shaw, c’était pour elle une chance et pour Artie l’occasion de jouer avec une chanteuse exceptionnelle. Mais la ségrégation raciale sévissait et ce fut difficile pour Billie, qui, pourtant jamais ne protesta.


Les hôtels réservés aux blancs l’obligeaient bien souvent à dormir dans le bus ou dans une bagnole, pour les repas ce n’était pas toujours facile non plus, on refusait parfois de la servir… Et puis il y eut cet événement au Kentucky, quand le sheriff déclara : « Cette pute noire va chanter quoi ? » Il s’en suivi une bagarre pendant laquelle Artie a frappé quelqu’un avec sa clarinette…


Mais le pire c’est quand l’orchestre a décroché un contrat à l’Hôtel Lincoln de New-York, un truc qui ne se refuse pas pour Artie, même si les chanteuses noires n’ont pas le droit d’y chanter ! Billie a rejoint Lester, à nouveau dans l’orchestre de Teddy Wilson au mois de mai, ainsi qu’en juin. Les enregistrements se suivent avec une belle qualité, les solos de Lester se posent sur la guitare rythmique de Freddie Green, impeccable et sûr, le piano de Teddy et ses solos très inventifs.


L’octet ou le nonnette, avec également l’excellent trompettiste vedette Buck Clayton est tout simplement formidable et donne l’idée à Billie d’organiser sa propre session au mois de septembre, avec Buck Clayton, Lester Young, Freddie Green, Walter Page, Jo Jones, et de belles œuvres à la clef, « Travlin’ Alone », « She’s Funny that Way » et « Getting Some Fun Out Of Life ».


Treize des dix-huit titres de l’album sont enregistrés pendant l’année trente-sept. Quatre en autant de sessions pendant l’année trente-huit, deux avec le Teddy Wilson Orchestra et deux autres avec la formation de Billie. Le fabuleux « The Man I Love » sera le seul titre de l’année trente-neuf, en décembre, avec un Lester Brillant.


Ces enregistrements sont tous exceptionnels, malgré la qualité du son d’époque, et surtout, il faut souligner que la voix de Billie ne fut jamais aussi belle que pendant ces années-là, celles de la jeunesse, même si l’émotion qu’elle contenait allait bien au-delà de ses qualités techniques, cette voix qui, selon le pianiste Jimmy Rowles, provenait du « bas ventre ».


(Ecrit en visionnant le docu « Billie » de James Erskine)


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le 23 févr. 2023

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