Ike Quebec – It Might As Well Be Spring
Ike Quebec est né en avril 1918, dans un premier temps danseur et pianiste il se tourne vers le saxophone ténor autour des années quarante, incontestablement c’est à cette période qu’il forme son style et s’apparente à l’école de Coleman Hawkins et Ben Webster. Sa carrière prend un tour discographique important à l’automne de sa vie, lorsqu’il devient conseiller musical de Blue Note.
C’est en 1962 que sortent la plupart de ses albums, parmi lesquels ce « It Might As Well Be Spring » enregistré en décembre 1961. Ike est au ténor, bien entouré par Freddie Roach à l’orgue, Milt Hinton à la basse et Al Harewood à la batterie. Pas de grandes vedettes ici mais un jazz déjà un peu rétro, vraiment délicieux.
La présence de l’orgue projette en sous-main l’image de Jimmy Smith, couplée avec celle de Stanley Turrentine qui venaient de sortir « Midnight Special », cependant il ne faut pas aller trop vite car, si l’atmosphère est bien là, il subsiste des différences. Ainsi le son de de Quebec est moins velue que celui de pas mal de ses aînés, il n’atteint pas le volume un peu « gras » de Webster ou Hawkins mais conserve cette part, plus modeste et subtile, que l’on trouve chez Lester Young. Son école est celle du blues et du rhythm’n blues et creuse loin.
Il aime paresser au rythme des ballades, bien porté par l’orgue Hamond, le couple saxo et orgue est souvent d’enfer, la rythmique assure avec une grande justesse. Le travail sur le son effectué lors des remastérisations est paraît-il superbe, n’ayant pas écouté les originaux Blue Note, je me fie à ce que je lis. Il faut dire que j’ai la version nippone dont la réputation en matière de qualité sonore n’est plus à faire.
L’album n’est pas très long, dans l’esprit de l’époque, avec les grands hommes de Blue Note aux petits soins, Rudy Van Gelder, Francis Wolf, Reid Miles et Alfred Lion. Il y a deux compos de Quebec et une série de standards, dont « Lover Man », « Willow Weep For Me » et « It Might As Well Be Spring » qui ouvre l’album. On remarque également le très bop « Alight Reprieve » signé du saxophoniste.
Un album lyrique et chaud qui fait du bien, comme une pause et un retour à la source.