Divers - Jazz A Vienne - Past & Future (2022)


Encore un double Cd élaboré par un grand festival du Jazz français, c’est « Jazz A Vienne » qui s’y colle, un des plus renommés et même un « historique » pourrait-on dire, cette fois-ci c’est le format de la compilation qui est privilégié, avec ses qualités et ses défauts.


Il y a pourtant une originalité, elle se révèle dès le titre, « Past & Future ». En effet sur le premier Cd le festival se tourne vers son passé et présente sept extraits de concerts piochés dans son histoire, alors, forcément, quelques grands noms sont présents. Sur le second Cd c’est le futur qui est interrogé par la sélection de sept formations, encore émergentes, mais sur lesquelles le festival mise pour l’avenir.


Autant le dire d’emblée, le problème principal rencontré ici concerne le manque d’homogénéité entre les pièces qui se suivent, on passe un peu du coq à l’âne et on saute, à défaut de tomber, de Charybde en Scylla. Je ne sais quel est le rôle du label dans cette sélection, mais sans doute a-t-il pesé.


Le premier titre côté « Past » date de l’an deux mille, c’est sans doute le plus beau de l’album, absolument magnifique, le trio Aldo Romano, Louis Sclavis et Henri Texier interprète « Soweto Sorrow », quatre minutes qui passent trop vite ! On glisse tout à fait dans un autre genre avec Roy Hargrove & RH Factor, on franchit également neuf années pour y trouver une musique plus électrique, avec un groove puissant, il faut dire que Roy cartonnait alors et ce « I’ll Stay » est plutôt pas mal, branché côté blues.


Ensuite on recule de dix ans, c’est-à-dire une année avant l’apparition d’Henri Texier si vous suivez bien, c’est Lalo Schifrin qui est à l’honneur, connu surtout pour ses B.O. et ses génériques TV, il nous joue ici « Panamericana » et nous offre un virage Argentin avec de la musique latino, à nouveau rien à voir avec ce qui précède, on remarque un beau solo de John Faddis à la trompette, mais rien d’inoubliable.


Quatre années plus tard on reste dans quelque chose d’approchant avec « La Banda de Santiago de Cuba » qui joue le célèbre « Chan Chan » de Compay Segundo, c’est sûr que ça fait plaisir, ce titre est arrivé au statut enviable de Hit mondial et ça marche à tous les coups, c’est sans risque.


Arrive ensuite, au festival organisé deux années plus tard, une véritable star du jazz, rien moins que McCoy Tyner avec son sextet qui interprète « Manalyuca » dont l’original se trouve sur « Land Of Giants » de 2003, c’est dire s’il est d’actualité lorsqu’il est joué, mais sans le vibraphone de Bobby Hutcherson, absent du festival, une sélection qui ne soulève aucune critique, les onze minutes consacrées à l’artiste sont amplement justifiées.


On recule dans le siècle précédent pour arriver en quatre-vingt-dix-sept avec le « All Star Quartet » de Milt Jackson et Hank Jones pour une interprétation de « Delilah » issu de la B.O du « Sanson et Dalila » de mille neuf cent quarante-neuf. Heureusement y’a le gars sur la pochette qui nous trimbale dans sa fusée qui remonte le temps. Du be bop extrêmement bien mené et un thème très chouette qui va bien.


Tout se termine en quatre-vingt-dix-huit avec Gilberto Gil qui n’est pas mon préféré, il interprète « Toda Menina Bainana » un de ses succès qu’il aime chanter à la fin des concerts.


Comme j’ai été trop long je vous fais la suite, c’est-à-dire le second Cd, en mode resserré. Ça tombe bien il est plus court, autour de la demi-heure, pour tout dire ces souvent « inconnus » sont vraiment épatants. Ça commence avec « Abraham Reunion » un quartet que j’imagine originaire de l’île en question, trois frères et sœurs, les « Abragham » plus un batteur pour une reprise de Donny Hathaway « Tryin’Times ».


La seconde piste est du Leon Phal Quintet, ils reprennent le « Soulful » de Roy Hargrove et s’inscrivent dans la lignée du compositeur, c’est plutôt bon tout ça. On continue avec Arnaud Dolmen et son quartet, là je connais un peu, Arnaud est un super batteur, il est accompagné par Swaéli M’Bappé à la basse, Gabriel Gosse à la guitare et Carl-Henri Morisset au Fender Rhodes, on reste encore dans ce jazz moderne électrifié, couleur jazzy-rock qui plaît bien à nos jeunes, fans de ballon. Des rumeurs en provenance de l’entourage de M’Bappé le présentent comme désirant quitter le band, mais celui a démenti, du coup son Mojo ne cesse de grimper, nous suivons l’affaire…


Toujours dans cette même veine électrique le trio « Jasual Cazz » interprète une de ses compos, « Baby Rover », on reste dans le même ton… On continue avec Emile London qui interprète également un titre de Roy Hargrove, « Strengh », il est clair que ce second volume, n’a pas le même défaut que le premier, il est même curieusement très homogène, l’impression d’y entendre toujours le même son…


Ça continue avec une reprise de Herbie Hancock par la formation Ishkero, « Oliloqui Valley » en provenance d’ Empyrean Isles, le quatrième album d’Herbie, du coup c’est plus original et on a droit à un beau solo de flûte de la part d’Adrien Dutertre, une belle interprétation. L’album se termine avec le Gin Tonic Orchestra qui interprète une de ses pièces « Do You Have ». Beaucoup d’effets, de boucles et d’électro ici, du groove également, préparez le Dancefloor ça va chauffer !

xeres
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs albums de 2022

Créée

le 8 janv. 2023

Critique lue 5 fois

1 j'aime

xeres

Écrit par

Critique lue 5 fois

1

Du même critique

Lanquidity
xeres
10

Un voyage dans le "Space-Jazz-Rock"...

Plus que tout autre, Sun Ra est une bibliothèque, il a parcouru, lu et écrit l'histoire du jazz, de l’intérieur, il a vécu les évolutions et participé aux révolutions. Membre actif de cette longue...

le 28 févr. 2016

27 j'aime

10

Bitches Brew
xeres
10

Critique de Bitches Brew par xeres

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la beauté de la pochette créée par Mati Klarwein. On la devine symbolique, plus particulièrement quand elle s’offre déployée, pochette gatefold ouverte. On...

le 5 mars 2016

25 j'aime

9

Both Directions at Once: The Lost Album
xeres
10

Critique de Both Directions at Once: The Lost Album par xeres

« Il » est arrivé ce matin, bien protégé, sous cellophane, belle pochette avec deux triangles découpés laissant apercevoir la sous-pochette… Le vinyle avec le prestigieux macaron « Impulse »,...

le 2 juil. 2018

23 j'aime

7