Jesu
7.5
Jesu

Album de Jesu (2004)

Le conformisme dans la Musique a le vent en poupe, c'est le cas de le dire. En effet, le fait que les artistes médiocres fassent de plus en plus de bruit provient de la manière dont la diffusion de leur musique a évolué : Davantage de Radios (mais toujours autant de choix), davantage de chaines de Clips, et surtout le reveil du monstre Internet ont contribué à ce capharnaüm sans nom.
Malheureusement, en plus d'être totalement néfaste à cet attribut magnifique que l'on nomme ouverture d'esprit, ces immondices ont provoqué une telle colère chez certains, que ces derniers pensent dur comme fer une chose : La Musique serait morte. Combien de vidéos musicales sur youtube ont été marquées par un commentaire similaire à celui-ci : "1983 : Metallica ; 2010 : Justin Bieber." ? Ce n'est qu'un exemple mais des dizaines de pseudo-constats similaires fleurissent chaque jour.
En vérité, les artistes "mainstream" ne sont pas en plus grand nombre qu'il y a 20 ou 30 ans. Le seul fait est qu'ils font beaucoup plus de bruit qu'avant. Le problème, c'est que ces réactionnaires d'un nouveau genre ne le comprennent pas. La Musique serait morte ! Et dans 10 ans, alors que des nouveaux artistes maintream auront fait leur apparition, que lira-t-on sur les vidéos youtube ? "2010 : Justin Bieber ; 2020 : Truc Machin" ? La vérité, c'est que ces réac ne prennent pas le recul nécessaire et que leur misérable avis changera au moins une fois par décennie.

Longue introduction, me direz-vous. Certes, mais il fallait quelque chose de marquant pour présenter ce disque. Car pour moi, Jesu enfante ici l'un des albums les plus réussis des années 2000 : son premier vrai fruit, sa première vraie offrande. La Musique est-elle morte ? Ça me ferait bien marrer !
Justin Broadrick, déjà responsable de la tempête Godflesh pendant plus de 10 ans, avait débuté le projet Jesu un an auparavant (toujours dans les années 2000 alors que la Musique était morte selon les réacs et vivante selon les lucides), avec l'EP très acclamé : "Heart Ache". Pour beaucoup, ce premier EP et le présent album dont je suis en train de faire l'éloge marquent une première phase, une fracture avec le reste de la discographie. On sent fortement les influences industrielles de feu Godflesh, mêlées avec ce désir de faire quelque chose de plus Shoegaze, de plus atmospherique. Ce côté Indus ne se retrouvera plus jamais après cet album.

"Jesu" est beau, triste, mais il est donc également sale et poussièreux. Pas de manière outrancière, bien entendu. La production est faîte avec du sable, les morceaux avec de la cendre, les paroles avec de la neige. Broadrick sussure sur la plupart des titres, mais utilise également ses hurlements godfleshiens une ultime fois au cours de sa carrière sur "Man/Woman". Les titres des chansons ("Tired Of Me") comme les paroles ("Friends Are Evil") reflètent la même sensation : une infinie mélancolie.
L'album débute sur un coup de Tonerre, et la guitare boueuse de "Your Path to Divinity" entame son riff à une vitesse mortuaire, accompagnée par une batterie glaciale. C'est une Musique très difficile d'accès, et le titre qui est peut-être le plus agréable pour une première écoute est sans nul doute "We All Faulter" et son refrain hypnotique. Les titres s'enchainent lentement, à fleur de peau ("Sun Day") ou même totalement depressifs ("Walk On Water").
74 minutes se sont écoulées. "Guardian Angel" sonne comme une pointe de détermination à travers la puissance des guitares. Les paroles nous suggèrent de trouver la clé. De nous enfuir. Parfois, Jesu sonne davantage comme une cure que comme un véritable album. C'est une thérapie : "Jesu" force une introspection, nous oblige à regarder au fin fond de nous-même. Un long écho achève l'oeuvre. La route de Jesu est encore longue.

Ce disque constitue le sommet du nouveau projet de Justin Broadrick alors qu'il vient à peine de naitre. Jesu est un enfant prodige.

Alors après une baffe pareille, je trouve cela passablement anormal de constater illégitimement le décès de la Musique. Si l'on prête attention à tous les artistes formatés qui nous chient dans les oreilles, il est évident que la goutte d'eau finira par faire déborder le vase. C'est comme si toutes ces personnes attendaient le messie en écoutant NRJ à longeur de journée. Cela n'a pas de sens !
L'avènement d'Internet peut sauver certains d'entre nous. Si l'on creuse à travers la masse, il est possible de trouver LA chose que l'on recherche. J'ai trouvé la mienne. Donnez-vous les moyens pour trouver la votre, ou alors contentez-vous de rester coincé dans une période, quelque part dans le temps.

Si la Musique est une religion, Jesu a été mon sauveur.
Yoth
10
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Dreampop et Shoegaze : Comment se prendre une baffe musicale, mais avec grâce et volupté, De l'art de déprimer en écoutant de la bonne musique et

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le 21 déc. 2011

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