Pharoah Sanders – Jewels Of Thought (1970)
Cet album a été enregistré le vingt octobre 1969, dans l’ordre il suit « Karma » duquel il est assez proche. On retrouve quelques musiciens communs aux deux enregistrements, comme Leon Thomas au chant et aux percussions, Lonnie Smith au piano et Richard Davis à la basse sur la seconde pièce. D’autres arrivent comme Cecil McBee à la basse et aux percus dans le canal droit, Idris Muhammad à la batterie et aux percus et Roy Haynes à la batterie uniquement sur le premier titre, je ne détaille pas trop les percussionnistes car tout le monde y va de bon cœur.
On retrouve à nouveau deux longues compositions, le premier titre « Hum-Allah-Hum-Allah-Hum-Allah » dure un quart d’heure, le second est beaucoup plus long « Sun In Aquarius » dure plus de vingt-huit minutes, il est donc fractionné en deux parties, la première sur la face une et la seconde sur l’entièreté de la seconde face, les deux pièces sont également différentes pour ce qui est du style et de l’accessibilité, si on peut dire. Il va de soi que dans les versions modernisées, sur Cd, les choses sont différentes, mais là j’écris d’après l’exemplaire français d’époque.
« Hum-Allah-Hum-Allah-Hum-Allah » reste tout à fait dans la continuité de « Karma », le chant de Leon Thomas l’illumine de suite, et je dois dire qu’il fait partie des premiers albums de Pharoah que j’ai écoutés, et ré-écoutés jusqu’à en être imprégné, chaque note est devinée, sue connue. Le charme est grand, il provoque un balancement de tout le corps qui groove en même temps que la musique.
Sa structure est simple et lumineuse, Pharoah le jouera souvent à la fin de ses concerts car il sème la joie et la lumière, les rythmes et la danse. Il procure une transe positive et ravit celui qui l’écoute, Outre Leon Thomas il faut mettre en évidence, Lonnie Smith qui joue un superbe solo, et bien sûr Pharoah, mais là c’est sans surprise.
Le titre suivant est très différent, « Sun In Aquarius » est plus free et d’un accès moins facile, son premier nom était « Explorations » et ça lui va bien. Si les percus sont là dès l’introduction, point de joie ni de fête, mais un piano plus sombre et mystérieux, sans repères mélodiques, juste un bruit grave qui gonfle et s’accentue, jusqu’au tumulte, les cymbales sont énormément présentes, elles palpitent et s’agitent. Cette première partie annonce un univers très différent, nouveau.
L’arrivée du ténor sur la face B apporte le cri de Pharoah, la petite histoire raconte qu’il ne joue pas de son instrument habituel qu’il a égaré, n’arrivant à le retrouver qu’une fois la séance terminée, quoiqu’il en soit, après le cri et son élévation, arrive une période plus lyrique, on entend à nouveau la voix de Leon Thomas, c’est le retour des chants, des clochettes et des tambourins. On entend également les solos des deux basses qui régalent avec toutes ces percus à l’arrière qui ne cessent d’agiter ce petit monde.
Tout à coup la colère à nouveau retentit, et le ténor monte dans les aigus puis redescends vers les sons les plus graves, le « cri » à nouveau qui se manifeste, puissant, féroce même, ça gronde et vrombit avant que tout ne redevienne calme et enchanteur, Leon et son chant, la joie, l’effervescence heureuse, le cycle immuable de la vie…
Je recommande, évidemment.