John McLaughlin – The Montreux Years (2022)
« The Montreux Years » est à la fois le titre de l’album et le nom du label qui est à l’origine du Cd. Certains se souviennent peut-être de l’album de Nina Simone, portant un nom identique dont on avait parlé sur ce fil, ce dernier avait l’avantage d’être double et de contenir un concert intégral sur un des deux Cds. Rien de tel ici, puisqu’on y trouve, sur un seul Cd, le parcours de John McLaughlin au travers de cinq concerts, donnés à intervalles parfois importants.
C’est donc à une suite de « photographies musicales » à laquelle nous sommes conviés, par bonheur c’est John Mclaughlin lui-même qui a présidé à la sélection des titres ici rassemblés, il est donc difficile de contester le choix opéré. On constatera qu’une remasterisation globale a été effectuée, le son est donc bon, par contre mon Cd contient dans sa structure un défaut visible à l’œil, une petite tache blanche anormale qui annonce probablement une longévité moindre. Il est fabriqué en Allemagne.
Ça commence de la meilleure des façons avec deux extraits de concert de l’année mille neuf cent quatre-vingt-quatre, en compagnie du Mahavishnu Orchestra avec Bill Evans au sax. « Radio Activity » ouvre l’album, très rock et incisif, comme le Mahavishnu sait faire, le second titre « Nostalgia » est plus calme et plus vaporeux avec les claviers de Mitchel Forman qui dominent.
Hélas on ne suit pas l’ordre chronologique, mais plutôt, semble-t-il, une sorte de communauté stylistique avec le titre « Acid Jazz » interprété par « John McLaughlin and The Heart Things », une formation à six musiciens qui donna un concert lors de l’année mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit, une pièce certifiée « jazz-fusion » qui met en évidence le saxophoniste Gary Thomas.
Ensuite on revient en arrière, vers l’année quatre-vingt-sept et le duo de guitaristes, McLaughlin / Paco De Lucia, deux pièces encore, mais séparées par une autre, avec une formation encore différente, cette fois-ci la légitimité artistique ne tient plus et ça devient difficile à suivre. Je note également que le groupe Shakti que j’avais pu voir à ses débuts, en concert, n’est pas passé par le festival de Montreux, ce qui est bien dommage.
Les deux pièces jouées par le duo de maîtres-guitaristes sont « David » et « Florianapolis », toutes les deux à l’heure espagnole, c’est à la fois virevoltant et virtuose, mais assez facile à suivre, des titres qui accrochent avec des thèmes aisés à retenir, propices à de splendides improvisations qui font la grandeur de ces magnifiques musiciens-improvisateurs.
Entre les deux, s’intercale donc la formation « John McLaughlin & The Free Spirits » qui interprète le standard « Sing Me Softly Of The Blues », ceci lors de l’année quatre-vingt-quinze. C’est un trio constitué par Dennis Chambers à la batterie et Joey DeFrancesco à l’orgue et à la trompette. Un blues lent qui arrive, finalement, à point nommé, mais également comme un cheveu sur la soupe. Je suis très client de ce genre de truc alors j’approuve…
Pour finir voici « El Hombre Que Sabià » avec la formation « The 4th Dimension » de la bonne zique plutôt sympa et bien jouée qui bouge un peu, on sent encore l’influence de l’Espagne et on apprécie le jeu de Ranjit Barot, très juste à la batterie. De quoi se quitter sans être fâché, avec ce titre nous sommes arrivés au concert de deux mille seize.
Reconnaissons à ce projet de n’aligner que de la très bonne musique, mais dans une suite qui manque de cohérence, ce qui n’est pas si grave. Évidemment les styles divergent également et il n’existe pas non plus de réelle continuité, le temps jouant son rôle car il est bon que la musique évolue… mais là rien à regretter c’est le projet en lui-même qui contient ce risque, en même temps qu’il en tire sa légitimité. Notons, et c’est important, qu’ici il n’y a que des versions inédites, jamais encore publiées et que la version vinyle contient un titre supplémentaire, "Friendship" par le One Truth Band.