John Scofield - John Scofield (2022)


Voilà un Cd auquel il m’a été difficile de résister, je suis un adepte de ces performances en solo auxquelles parfois les musiciens s’adonnent, un peu comme un exercice ou comme un entraînement. De jazz, il n’en est question qu’au travers du répertoire, les échanges, qui sont le sel de cette musique, ne sont évidemment pas là, et l’intérêt se trouve dans le cheminement de l’artiste, ses choix, ses partis-pris, sa personnalité.


Pour John Scofield le parcours solitaire sera celui de l’amitié, du souvenir, de l’hommage aussi, envers des traditionnels « Danny Boy » et « Junco Partner », ou une légende de la country « You Win Again » de Hank Williams, le regard dans le rétro essentiellement, pour jouer ses propres compos également, une façon aussi de faire le point et de marquer une étape après ce long chemin parcouru, soixante-dix printemps déjà...


Une simple guitare électrique et un « looper », histoire de ménager quelques effets de boucles et des impros, bien souvent, à partir des thèmes aimés et élus. L’album s’ouvre sur « Coral » de Keith Jarrett dont le thème n’est joué qu’à la fin, après une longue improvisation dès l’introduction. Chaque titre est accompagné d’une petite explication qui nous est proposée sur le joli livret intérieur.


Je ne détaille pas tous ces renseignements qui nous sont livrés là, mais ils donnent à chaque titre une touche personnelle, expliquent le choix et légitiment la sélection, c’est évidemment extrêmement intéressant, parfois en rapport avec sa vie privée, ses goûts personnels ou son attachement pour quelques standards comme « It Could Happen To You » ou « There Will Never Be Another You ».


Au bout du compte un album extrêmement élégant, sur le ton de la ballade bien souvent, un opus pour rêver et se laisser aller à la flânerie, ou même à la paresse, c’est souvent tendre, presque émouvant, seule la reprise de « Not Fade Away » fait semblant de nous réveiller en nous forçant à lâcher un sourire et à tapoter du bout du pied… C’est Phil Lesh du Grateful Dead qui l’a plusieurs fois branché sur ce morceau, confie John.


Je ne me suis pas appesanti mais c’est un album ECM, au son très pur, d’une façon générale l’exercice solo est en effet très exigeant pour la qualité de la restitution, qui ne souffre pas le moindre défaut. Il a été enregistré à New York, au « Top Story Studio » au mois d’août deux mille vingt et un. Un bel objet en même temps qu’un bel album, pour ceux que ne rebute pas l’effort solitaire.

xeres
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le 25 déc. 2022

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