Quel drôle de phénomène frappe le comté de Fife ? Un solide esprit clanique, voire des mélanges consanguins, ont fait du terroir écossais l'un des plus fiers fiefs du renouveau folk européen, d'U.n.p.o.c à King Creosote ou Lone Pigeon. Moins fou furieux que ses copains d'écurie, James Yorkston a choisi dans la troupe le rôle d'ambassadeur d'un folk séculaire. Ses histoires d'amour, de désir et de solitude sont habitées d'une forme de simplicité métaphysique, ancrées dans les corps et dans les siècles, passées d'âme à âme, avant lui et plus à l'ouest, par Smog ou Will Oldham.
Les Athletes de l'Ecossais, ses faire-valoir, n'ont rien de lanceurs de poids, mais sont de délicats dentelliers : tout en retenue, en finesse d'esprit, ils développent un ruban continu d'arabesques raffinées, sur lesquelles Yorkston, drôle de punk défroqué, pose avec grâce ses douceurs. L'album s'intitule Just beyond the River : l'eau semble effectivement être l'élément primaire du disque. Une eau jamais plate, mais vive, pétillante, imprévisible : la production de Kieran Hebden, par ailleurs tête pensante de Four Tet, multiplie veines, coudes et infractuosités dans lesquels coule, fluide et agile, ce brillant songwriting.
Et lorsqu'il verse, parfois, dans un plus strict minimalisme organique, l'album rappelle Arab Strap, la voix ténébreuse de Yorkston traînant son indécrottable spleen dans la langueur de soirées maussades, dans les odeurs mêlées de vieux pubs. Mais la vive clarté de l'album éclaire morceau après morceau ces humeurs moroses et Just beyond the River balance sur un fil ténu et rare : entre tristesse gracieuse et bonheur radieux. (Inrocks)


Il y a deux ans, un premier album éblouissant nous avait révélé l'Écossais James Yorkston, songwriter fin et poignant. Un de ces disques qui vous accompagne pendant des semaines, et auquel on continue de revenir régulièrement. Dès lors, c'est dire si on attendait avec impatience son successeur, deuxième livrée toujours périlleuse. Force est de dire que Just Beyond The River reprend exactement là  où Moving Up Countrynous avait laissés. Heron, d'entrée, est une replongée dans cet univers chaud et pastoral, ces histoires de solitude et de couple marmonnées du bout des lèvres sur des arpèges délicats. Shipwreckers démontre que Yorkston peut désormais tenir la dragée haute à  Will Oldham, tandis que Banjo #1, accélérant légèrement le tempo, évoque une inquiétude diffuse et poignante. D'ailleurs, James s'est enfoncé encore plus avant dans le folk traditionnel, quitte à  verser complètement dans le celtique pur et dur. C'est peut-être là  la seule ombre au tableau : Just Beyond The Riverest beaucoup plus monochrome que son prédécesseur. Ses merveilleuses comptines tragiques sont le plus souvent arrangées identiquement, sous des couches de banjo, de flûte, de violon et d'orgue. C'est-à -dire qu'il faut, cette fois-ci, plusieurs écoutes pour s'y attacher à  vie.(Magic)
Deux ans après son très beau premier album "Moving Up Country", c'est avec impatience qu'on attendait le nouveau James Yorkston accompagné de ses Athletes. Toujours aussi peu porté sur les anabolisants, le groupe joue sur du velours entre guitare folk, banjo, accordéon et violon et l'album démarre, comme son prédécesseur, sous les meilleures auspices. On retrouve, dès les premiers titres "Heron", "Shipwreckers" et "Surf Song", tout ce qui faisait le prix du premier album : cette voix familière, mi-chantée, mi-parlée, ces arrangements pointillistes et, le plus important, un vrai savoir-faire mélodique.

Seulement, cette fois, le charme ne se maintient pas jusqu'au bout. Oublié le petit piano guilleret qui aérait "Moving Up Country", une certaine langueur s'installe progressivement, la musique se fait plus sombre, se rapprochant ainsi de celle des compatriotes d'Arab Strap ou de cousins transatlantiques (la présence constante d'un banjo rappelant Sufjan Stevens en mélodiquement plus aride). Il reste bien, par la suite, quelques accélérations bienvenues comme sur "Banjo #1" et "The Snow It Melts The Soonest", sur lesquels plane l'ombre du Velvet (le violon de John Cale sur l'un, la rythmique hypnotique sur l'autre), mais l'impression qui domine au final reste celle d'une légère déception.(Popnews)

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le 26 févr. 2022

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