Magic Malik – Ka-Frobeat (2022)
Dès le titre on perçoit le jeu de mot, le fameux « Ka » qui est un tambour né en Guadeloupe, et donc un instrument traditionnel, et l’Afrobeat qui naît de ce « mot-valise », et on se souvient forcément de Fela Randsome Kuti et de son Nigeria natal, où il a créé cette extraordinaire musique qui est désormais un « genre » avec une véritable et forte identité. A tel point, qu’à l’instar d’un Bob Marley qui incarne le reggae, Fela incarne l’afrobeat, et personne ne peut effacer cela, même sa descendance.
Magic Malik, originaire d’une famille Guadeloupéenne par son père, bien que né en Côte d’Ivoire, situe donc son témoignage musical dans ce creuset commun qui existe entre Antilles et Afrique. Il faut dire qu’à l’origine « Ka-Frobeat » a été une création commune entre Magic et Hilaire Panda, bassiste et compositeur, originaire du Cameroun, mais ce dernier est décédé en 2018, peu de temps après la création de ce projet, il revient donc à Magic Malik de le faire vivre.
On le connaît essentiellement comme un flûtiste voué au jazz, c’est son terrain de jeu le plus connu, celui qui me l’a fait connaître et suivre avec intérêt. Il enregistre pour le petit label « Onze Heures Onze » qui recèle des trésors. Ici c’est très différent puis que c’est un album de chansons qui possèdent en commun d'être véhiculées par le créole guadeloupéen.
On peut parfois accéder assez facilement au sens des textes, ils sont reproduits sur un petit livret et empruntent pas mal au français, ainsi « Tout Biten Bout » s’éclaire rien qu’à l’écoute, par exemple. Il y a dix titres ici, celui qui fait l’ouverture « « Flè Koulèv » est repris dans une version live à la fin de l’album. Il y a également une sorte de « rap » très étonnant et assez savoureux apparemment, « Jénérasyon an jénérasyon nou ka vwè toujou memm kouyon », et ce conseil à la fin de la pièce « Eteins la télé, T’as la télécommande, mais c’est la télé qui te commande ! »
Ils sont onze musiciens, que des bons, ceux d’onze heures onze, et d’autres, et aussi pas mal d’invités, huit qui défilent dont Sandra Nkaké qui chante sur « Lè On Fanm Di’W Non » qu’elle a co-écrit. Et puis tout du long, cette flûte merveilleuse !
Le travail est vraiment soigné, le Cd également qui est complet et nous renseigne bien, ce qui est très apprécié. Entre jazz, impro et musique traditionnelle, l’album est une belle création qui reflète bien la musique d’aujourd’hui et les préoccupations de la lointaine Guadeloupe, si proche, et de plus en plus proche, cependant…