Magma – Kãrtëhl (2022)
Dans mon souvenir je vous avais parlé de Magma pour saluer son élection en tant que « Groupe de l’année 2020 » lors des victoires du jazz de cette année-là, il est vrai que Christian Vander, après avoir viré très « jazz » avec la formation « Offering », a également fait évoluer le groupe phare dont il est le créateur « Magma », vers une musique moins rock, plus éthérée, dans la direction d’une formation plus vocale, d’une certaine façon vers un jazz plus « classique », avec même des effets plus traditionnels, abandonnant possiblement ce « Zeuhl » qu’il a pourtant inventé.
Certes il reste des fondements inébranlables, particulièrement le « kobaïen » toujours présent sur l’intégralité de l’album, ce qui nous promet des moments intenses, particulièrement sur « Ẁalomëhnd/ëm Ẁarreï » qui est le point d’orgue de l’album. Il reste également cette puissante connexion rythmique entre le batteur et le bassiste qui est une constante de la formation, un truc parmi les plus puissants qu’on puisse entendre, Christian Vander est toujours ce batteur exceptionnel que l’on connaît et Jimmy Top, le fils de Jannick, est également éblouissant.
Il y a également deux claviéristes, au piano et au Fender Rhodes, des pointures, Thierry Elliez et Simon Goubert, ce dernier est plus souvent connu comme batteur mais il possède également une excellente formation de pianiste, il y a également un guitariste assez discret, Rudy Blass. Mais la force de cette formation, tant en nombre qu’en importance, ce sont les chœurs, ils sont six, cinq femmes et un homme, avec Stella Vander et Hervé Aknin en solistes.
Je pense qu’il faut considérer Magma comme un groupe vocal à part entière désormais, même si les chants ont toujours été historiquement fondamentaux dans la musique de magma, particulièrement avec l’extraordinaire Klaus Blasquiz qui fut la voix du groupe pendant une décennie qui restera historique, à la fois pour le groupe et pour les fans.
Sur cet album il y a six compositions, avec deux titres « bonus », des reprises du titre d’ouverture et de celui de fermeture, reprises plutôt récréatives en fait. En plus du titre cité au-dessus il y a également celui qui arrive juste après, c’est-à-dire le cinquième, qui est une véritable réussite « Ẁiï Mëlëhn Tü ». Le reste me semble moins bon, mais c’est subjectif, j’y entends des ouvertures vers une musique plus facile, plus éloignée de la puissance et de la force qu’incarne « Magma » dans mon imaginaire. C’est quand même bien, mais je n'encouragerais pas un glissement trop important vers trop d’ouvertures mélodiques, où le son "Magma" se perd trop.
Il y a également à l’intérieur de la pochette un texte émouvant de Christian Vander en hommage à « Stündëhr » aka René Garber, saxophoniste et joueur de clarinette basse, son nom en Kobaïen veut dire « le fou », c’est que le gars n’est pas ordinaire c’est un « fou » de Coltrane qui était capable de prendre des chorus de saxo de plusieurs heures, il jouait également avec le groupe « Contrepoint ». Comme l’indique Christian c’était un de ceux qui créèrent le son faramineux de Magma. Le titre « Dëhndë » lui est dédié.
« […] Tu me manques…
Toi qui as toujours été là, près de moi,
M’insufflant l’énergie, l’inspiration, l’Esprit…
Chaque mesure de la musique de Magma. » […]