Il y a deux ans, Dominique A, fatigué de jouer les propriétaires, s'était volontairement laissé déposséder de ses chansons. Pour Tout sera comme avant, il avait confié les clés des arrangements à Gekko, un collectif d'artisans modernes connus pour leur participation à L'Imprudence, le grand chantier de Bashung. Sans prendre de gants, ces ouvriers spécialisés dans le désordre avaient chamboulé l'intérieur du Français, abattant les cloisons qui en compartimentaient l'espace, perçant mille ouvertures dans une écriture soudainement traversée par un souffle nouveau. Après une tournée qui aura prolongé en beauté ce chambardement, Dominique A est rentré seul au bercail et a endossé à nouveau sa panoplie d'auteur-compositeur-interprète. Pour autant, le chanteur, définitivement transformé par ses récentes aventures, n'a pas voulu ronronner tranquillement au coin du feu. Le cœur plus grand et l'esprit plus libre, il a préféré ouvrir sa porte à une chaleureuse amicale d'instrumentistes. Dans L'Horizon, on croise ainsi ces tailleurs de sons qui, maniant parfaitement leurs outils (cuivres, clarinettes, claviers, contrebasse), aidèrent Dominique A à remodeler sur scène les orchestrations foisonnantes de Tout sera comme avant. Mais on y trouve aussi une nouvelle venue (l'excellente pianiste Laetitia Bégou) et trois frères d'armes (le guitariste Olivier Mellano, le batteur Sacha Toorop, le producteur Dominique Brusson) pressés d'en découdre à nouveau avec leur vieux copain. Invitée à mettre un peu partout son grain de son, cette belle équipe provoque à tout moment des remous qui servent idéalement l'inspiration mouvante, la plume conquérante et l'interprétation offensive de Dominique A. Résolument tournées vers l'avant, les chansons de L'Horizon creusent un peu plus la voie d'un lyrisme totalement assumé, qui s'exprime autant dans l'ampleur (les cinglants L'Horizon, La Relève et Retour au quartier lointain) que dans la retenue (les magnifiques Par l'ouest, Music Hall et Rue des Marais). Elles confirment que Dominique A est bel et bien devenu un créateur hors ligne, que la volonté et la vaillance portent toujours plus loin. Les aventuriers de son espèce savent que l'horizon ne s'offre jamais à ceux qui le contemplent. Mais c'est précisément parce qu'il reste à distance, pour toujours inatteignable, qu'il excite autant en eux la soif de voyage et le goût de l'inconnu. (Inrocks)
Après Le Détour, l'échappée belle. L'intensité du DVD Solo Aux Bouffes Du Nord, l'ambition de Tout Sera Comme Avant et la plénitude d'Auguri ne se résumaient donc pas à la seule envie de zigzaguer, ou de s'émanciper de manière forcenée. Pour Dominique A, qui aime à reprendre Man-set, celui qui marche de l'avant n'est ni un amnésique, ni un réactionnaire. Dès le moment où il ouvre ce nouveau disque tourné vers le large ("Nul ne vous attend autant que l'horizon"), on mesure combien ses albums précédents furent autant d'étapes qui préparaient à l'une des plus remarquables embardées qu'il ait été donné d'apprécier depuis des années, du côté de l'Hexagone. Son enthousiasme à nourrir ses récits de fuite, de retour et de nouveau départ se traduit comme toujours sans pudibonderie, mais sans sécheresse martelée. Comment fait-il, dans une zone francophone qui ne parvient plus guère à s'aimer, pour façonner cette dizaine de morceaux qui apprennent avec délicatesse à faire le deuil de la nostalgie ("Tu ne sais pas leur dire adieu", prévient-il dans Music-Hall) ou caresser des sépias qui ne sentent pas le moisi (Rue Des Marais) ? Grâce à une prédilection pour les tempos lents (à la différence d'Auguri), dont il brise rarement le recueillement (à la différence de Remué). Aucune forme d'intégrisme pourtant. Cette inquiétude une nouvelle fois salutaire permet à L'Horizon de ne pas se commuer en mirage. Comme Adieu, Alma, qui conclut le disque par une envolée suspendue, un lyrisme assumé caractérise ces ruminations : "Dans l'arène gauloise où le pathos agace", souligne-t-il à bon escient dans La Pleureuse... Jamais ce ressac ne sentira la vase.(Magic)
Comme la pochette l'indique, derrière l'horizon, de belles choses peuvent se cacher. Il y a donc cette petite fenêtre centrale qui invite déjà l'auditeur, par son graphisme minimaliste, à rentrer en toute discrétion en terres vierges (ou en eaux troubles). L'album, évacuant la complexité qui envahissait le précédent "Tout sera comme avant", est à situer entre "Remué" et "Auguri". Car si le paysage semble paisible, on n'en est pas moins remué au cours de ces onze titres : soubresauts pop "Dans un camion", nostalgie douce-amère "Rue des marais".C’est lâché en milieu de parcours : "Bientôt j'écrirai tout/Quand je saurai viser". Et Dominique A ne manque pas sa cible ici, qu'elle soit mouvante ou émouvante, faisant sien l'adage chinois selon lequel il faut, pour atteindre sa cible, viser et visualiser un objet qui se trouverait derrière celle-ci...La voix prend de l'ampleur ("L'horizon", "Retour au quartier lointain" entre autres...) pour finalement se poser dans une conclusion poignante ("Adieu", "Alma", accompagné au piano par Laetitia Bégou). Pour ce qui est des autres participants, nul besoin des arrangeurs de "L'imprudence" ici pour faire sortir de douces mélopées. En effet, renouant avec de vieilles (et prestigieuses) connaissances (Sacha Toorop, Olivier Mellano...), Dominique A transporte l'auditeur dans des temps anciens, croisant les fantômes d'Antonia, voire du gros Boris, mais sans jamais répéter son répertoire. En réalité, l'horizon est vaste et on ne l'atteint jamais, il ouvre la voie au dépaysement ("Par l’ouest") mais aussi à la beauté (Le titre inaugural, "L'horizon" avec sa poésie et les chœurs du Fatalitas Choir Orchestra...). On pourrait dire que Dominique A est ici à son meilleur mais ce serait mentir, car on sait qu'il offrira encore à l'avenir des joyaux de cette trempe-là. On profitera néanmoins de ces derniers jours de neige pour l'apprécier à sa juste valeur, blotti dans son lit "où engraisse le rêve". Ou peut-être sur un cargo, traversant les mers en toute tranquillité, car l'invitation au voyage (introspectif ou non) est omniprésente sur cet album. Et, même lorsque le soleil se couche sur "l'horizon", l'envie de repartir se fait sentir, jusqu'à nous faire oublier l'avertissement inaugural du capitaine : "Nous n'irons pas plus loin". Et c'est vrai, l'horizon se révèle indépassable. Enfin, l'avenir nous le dira... (Popnews)
"L’Horizon" est le septième album du chanteur nantais Dominique A. Un disque invitant au voyage (introspectif), à l’évasion via les textes des onze titres, autant d'histoires teintées de mélancolie… Ouvert sur une histoire de baleinier au Groenland, l’album se promène dans le camion d’une tournée, dans une ville côtière, dans un bateau en mer, dans la rue d’une petite ville au temps de l’enfance... A l’accoutumée chez Dominique A, les textes de qualité sont intenses et profonds. Le son est dépouillé, très aérien et "spacieux". L’instrumentation, en grande partie acoustique (guitare sèche, piano, cuivres), est tantôt insistante (Dans un camion, La relève), tantôt discrète (en témoigne la retenue de Music Hall, Rue des marais). Au final, un déséquilibre qui fait ressortir l’ambivalence de l’ensemble, entre fragilité et fougue (certes parfois contenue). Le titre du précédent album de Dominique A "Tout Sera Comme Avant" (2004) était quelque part prémonitoire, puisque "L’Horizon" ne mise pas sur la complexité et des arrangements foisonnants, mais sur un univers sobre et épuré. C’est en cela qu’on peut être tenté de situer ce dernier opus entre "Remué" (1999) et "Auguri" (2001). Quoiqu’il en soit, on retrouve tout ce qui fait la force et le talent de Dominique A depuis son premier disque, "La Fossette" (sorti en 1992). Aux côtés de Dominique A, on retrouve ses vieilles connaissances : les musiciens Olivier Mellano (guitares), Sacha Toorop (batterie), le producteur Dominique Brusson, auxquels il faut ajouter la pianiste Laetitia Bégou, que l’on apprécie plus particulièrement sur deux titres superbes : Anteimoro et Adieu, Alma, qui clôt magnifiquement l’album. Une ambiance subtile et intime, un paysage enveloppant et nostalgique se dégagent donc de cet "Horizon", que Dominique A décrit d’ailleurs comme son album le plus personnel. Raison de plus pour s’y pencher plus qu’attentivement… (indiepoprock)