C'est toujours plein d'appréhension que j'écoute ces albums hommage.
Il faut dire que les exemples vomitifs sont légion.
Du nain à barbichette ridicule et juré narcoleptique de "The voice" qui reprend le divin Belge Jacques Brel et qui vomit littéralement de sa voix de ténor de bal populaire les chefs d'oeuvre du poète chevalin
Tonton Georges repris par quelque bobos "rive gauche" sur des airs d'accordéon et de ukulélé.
L'anarchiste à la bouffarde chanté par les anars de St Germain des Prés entre un mojito à la fraise et une planche à tapas à cinquante euros.
Et ce n'est pas les quelques réussites ("Mano Negra Illegal" ou "Monsieur Gainsbourg revisited ") du genre qui vont me refiler le sourire et me faire oublier les outrages que nos deux monstres de la poésie ont dû subir.
Alors vous vous doutez bien que lorsque cette nouvelle est arrivée à mes esgourdes aussi mielleuses qu'un panier de loukoums tombé de la camionnette volée de Djee : Un album hommage des chansons de Renaud !
Mon sang n'a fait qu'un tour.
Renaud ! C'est une partie de mon enfance qui me saute à la gueule quand j'entend ce joli prénom.
C'est mon paternel qui m'avait fait une copie de l'album "Morgane de toi", une vieille cassette que j'ai usé jusqu'à la corde. L'emmenant partout dans mon vieux magnétophone portable de 2 kilos 5, l'écoutant durant les récré' avec les copains en nous délectant des gros mots imagés de maître Renaud.
On a grandi ensemble comme deux vieux potes.
C'est dire si cet album de reprises du moineau aux cheveux jaunes m'intriguait au plus haut point.
On rentre dans le vif du sujet avec le Mick Jagger Français mais version mollusque, le gélatineux Jean-Louis Aubert qui reprend de sa voix de vieillard édenté qui aurait perdu sa colle à dentier, la sublime "Manu" au karaoké mensuel de la maison de retraite des Lilas.
Coeur de Pirate qui tente de chanter "Mistral Gagnant" en mâchant deux kilos de chewing-gum au sirop d'érable et qui parvient à faire de ce chef d'oeuvre une mélasse de mots inaudibles sauce "BBQ".
Disiz qui réussit le difficile pari de poser un Rap sur "Laisse béton" malgré l'absorption d'une boîte entière de Lexomil et qui parvient à s'endormir avant même la fin de sa chanson. Une belle performance !
Nicolas Sirkis l'interprète d' "Isabelle a les yeux bleus" qui pense qu'en électrifiant sa gratte, il retrouvera un dixième de la rage d'"Hexagone. Et puis Biolay, Thiéphaine, Frégé et les autres...
Jusqu'à la vomissure musicale lâchée par Madame Sarkozy qui vient poser sa cerise pourrie au sommet de ce gâteau à la merde.
Renaud a dit-on supervisé ce projet (??!!), sûrement d'un oeil blasé et "ricardisé" du fond de sa retraitre Vauclusienne.
Mais plus que l'affront fait aux merveilleuses ritournelles du loulou en santiag, avec des orchestrations ( si orchestration, il y a ..) d'une pauvreté et d'une indigence totale, c'est le coeur qu'on ne retrouve pas.
Tout y est plat, sans vie, sans couilles. On habille ces chanteurs d'associations caritatives des plus sublimes bijoux du joailler "Séchan", et par un tour de magie des plus foireux, ils en font du toc, de la vulgaire pacotille de sortie de plages.
De la chanson "tout-venant" qui s'écoute sans s'écouter et qui parvient à faire de la poésie de l'un de nos grands auteurs, un tas de fumier avec un drapeau TF1 planté dessus. Un disque qui permet surtout aux artistes "Universal" de ne pas se faire oublier.
Une bien triste époque où nos souvenirs sont piétinés, nos idoles déboulonnées, remplacés par de simples produits de consommation, des concepts marketing.
Des putains de vampires qui pompent le sang, qui pompent la vie d'une oeuvre, d'un artiste pour donner naissance à des produits lisses et brillants comme un sourire d'animateur vedette.
Une matrice diabolique affadissant et aseptisant tout ce qui avait un peu de goût. Coupant au couteau tout ce qui dépasse du bord pour pouvoir bien s'insérer dans le moule.
Des projets culturels mis en place et distribués par des épiciers.
Des usines à disques creux, sans âme, entièrement vides : Les créateurs d'une culture dèja morte.