Renaud va se retourner dans sa bière !
"Tiens, ça sonne comme un album des Enfoirés" me suis-je dit en entendant ce cd joué lors d'un covoiturage Valenciennes - Rennes.
Ha non, c'est pire !!
La nouvelle scène française décide de reprendre Renaud. Contrairement à certains, ici, j'ai rien contre les "disques hommages" : il y en a eu de très bons dans les années 90/2000 : "Les Oiseaux de Passage" (Brassens) "Au suivant" (Brel) "Mano Negra Illegal" (Mano Negra) ou "Boby Tutti Frutti" (Boby Lapointe) Lors de cet exercice, l'idée est que l'artiste reprenne la chanson originale pour en faire quelque chose de nouveau et l'intégrer à son univers.
Ici, c'est COM-PLÉ-TE-MENT foi-ré : Personne ne "réinterprète" rien et se met juste à chanter du Renaud comme s'il était au Karaoké. Mis à part une reprise de "Une bande de jeune" par Renan Luce et 2 potes à lui avec une musique aux accents mexicains, (qui reste une proposition contestable mais intéressante de la part du beau-fils de Renaud), le reste tombe dans le convenu, le pathos, une sorte de Renaud light, qu'on aurai lavé des odeurs de cambouis de sa "mob" avec de la fraise et coulé les accents de blues banlieusard sous une tonne de guimauves.
D'abord, histoire de ne pas faire de vague, les 4/5eme des chansons sont piochés dans le répertoire "mignon et larmoyant" du chanteur : Mistral Gagnant, Manu, Il pleut, Pierrot, En cloque etc... Celle-là, sont les pires : chantées à contre-temps avec un rythme plus lent que l'original et des silences pour bien marquer la chute de la phrase. Et une orchestration suffisamment proche de la chanson de base pour gommer toute trace d'originalité, des fois qu'il en resterait. Même certains artistes pour lesquels j'avais une once de respect (Aubert, Thiefaine, même Bénabar... si si, il a fait des trucs bien) font le minimum syndical
Puis, il y a les chanteurs "engagés" comme Grand Corps Malade (hic) Disiz la peste (heu...) Nicolas Sirkis (arrgh) ou Benjamin Biolay (bleurp) qui décident de reprendre les chansons un peu plus "politiques" du chanteur. Il faudrait quand même qu'on explique à cette bande de con que le génie de Renaud ça venait pas de sa façon de chanter mais de ses paroles et que jusqu'ici le seul à avoir SU renouveler du Renaud, fut R-wan, avec son "Lache L'affaire" (Faire un pastiche en gardant l'esprit et le rythme.) Disiz et Sirkis font une reprise "correcte sans plus" qui aurait été honorable en bas de chez toi par un groupe durant la fête de la musique (en même temps, pour se foirer sur Hexagone, faut le vouloir) tandis que Biolay fait de la merde et la participation de GCM aurait pu marcher si on avait foutu une musique complètement différente (voire pas de musique du tout.)
Et puis, il y a Carla Bruni, auquel je réserve un paragraphe entier teinté de haine (qu'il y a dans mes seringues.) La lecture même de son nom sur une pochette d'album de Renaud fout le haut-le-coeur à tout fan de Renaud. Sous le fallacieux prétexte que "après tout, tout le monde à le droit de reprendre du Renaud sinon c'est du sectarisme" (bordel, où c'est que j'ai mis mon flingue) on a l'épouse d'un ex-président de droite (et toujours politicien) qui massacre la chanson d'un chanteur "anarcho-mitterandiste" des années 80. Non, seulement Bruni reprend "C'est quand qu'on va où" de la façon la plus plate et la plus mielleuse possible, mais en plus, elle en détruit le sens. Non, pasqu'entendre la gonzesse d'un mec qui a sabordé l'éducation nationale durant 5 ans, chanter la phrase "si l'école ça rendrait vraiment libre et égaux, le gouvernement déciderait que ça ne serait pas bon pour les marmots" ça donne presque à Renaud un arrière goût de Michel Sardou. Et ça, c'est moche.
Bien sûr dans cet album, pas de reprise étonnantes avec des accords totalement barrés, pas de reprise de chansons chouette mais qui ne seraient pas des "tubes", pas de pastiches ou de réactualisation, pas de chanson de loubard (sauf "une bande de jeune"), pas de chanson des deux derniers albums, pas de Gerard Lambert, pas de chansons où Renaud se foutait de la gueule des autres chanteurs, pas de chanson qui pourrait faire polémiques (Renaud a écrit quelques conneries, même un fan comme moi le reconnaît) ni même de reprise des chansons couillonnes que Renaud écrivait pour remplir ses albums : On reste dans le "tube" et l'album est clairement destiné à la ménagère qui a écouté du Renaud à la radio et absolument pas pour les gens qui ont aimés ses albums. (Bref, ce que Renaud critiquait lui-même dans "Allongés sous les vagues.")
Pour combler le tout, l'album se termine sur une reprise de "Dès que le vent soufflera" à la manière des Enfoirés : chacun un couplet. Ce qui en fait, forcément une chanson sans âme et relativement désaccordé car tout le monde ne chante pas vraiment à son rythme et qu'on sent bien que personne n'est dans le studio au même moment. Bref, une bouillie infâme qui rappelle à quel point cet album se fout de ta gueule.
L'album de reprise le plus inutile que j'ai entendu depuis "Renaud chante Brassens."