Le rap d'aujourd'hui (d'autant plus le rap de blancs, et tout particulièrement Bigflop & Holy ), c'est pas nouveau, c'est une machine à fric, une moissonneuse-batteuse qui récolte des fans, des vues, des likes, des commentaires par milliers, sans scrupule du bon sens, de l'exigence musical, de l'intelligence des auditeurs. On trouvera tout de même quelques récentes exceptions (il y en a d'autres, sans doute, de rappeurs plus ou moins talentueux, plus ou moins lucides, plus ou moins engagés) :
- Vîrus: Les Soliloques du Pauvre (2017)
- ZIPPO: Zippo contre les robots (2018)
Quiconque a eu le malheur d'allumer sa radio en août a entendu le titre Demain, et, selon les cas, a dansé dessus en boîte de nuit ou obtenu des séquelles cérébrales réversibles, Dieu merci.
Les deux zigs dont il est question ici, je viens aujourd'hui de découvrir leur visage - et je puis vous dire que s'ils s'étaient retrouvés à travailler dans quelque fast-food ou quelque pizzeria, cela aurait évité, outre le fait d'avoir une nouvelle raison d'être attristé de ce qui peut sourdre du terreau de l'industrie musical français, qu'on refile un nouveau disque de platine à un sombre duo dont le succès n'est dû qu'aux joueurs de Fortnite, qu'aux collectionneurs de Funk Pop, qu'à ceux qui regardent les vidéos de la rubrique "Tendance" sur YouTube - ce sont les mêmes -, autant dire un public dont la moyenne d'âge doit être être proportionnelle à la somme du QI des deux frangins: un public d'adolescent figé dans un infernal et inquiétant état de stagnation. Après la (dé)génération Stupeflip, Saez et Fauve, et j'en passe et des meilleurs, sévit la génération Bigflop & Holy (shit) ! Comme dirait Will Ferrel dans Anchorman (2005) : "Well, that escalated quickly!"
Je me fiche complètement de leurs sorties antérieures, de leurs apparitions télévisuelles (dont celle de Touche pas à mon poste renseigne suffisamment sur leur mentalité) ou cinématographiques (un caméo dans Alad'2... On pouvait difficilement faire pire). Le pire n'est pas l'extrême nullité de leurs textes, mais plutôt qu'ils n'expriment pas la volonté de relever le niveau d'un genre de musique qui, certes populaire, serait susceptible de toucher plus de personnes.
Ahem...J'étais prêt à critiquer formellement les titres, les uns après les autres, mais, après avoir écouter la première piste, qui fait référence à leur succès, leur pognon de merde et à des trucs populaires (pour plaire, je suppose, aux apprentis Peter Pan) - Yugi-oh, Harry Potter, Pokémon - j'ai décidé de jeter (Bob) l'éponge. Il semblerait que ce soit moins bon que ce qu'ils aient fait avant, et qu'ils aient, dans leurs nouveaux clips (sophistiqués?), injecté plus de flouze, de fric, de blé...
Et, non, je vous (r)assure, après l'avoir écouter les oreilles grandes ouvertes, la suite n'est pas fameuse non plus...
A l'inverse d'un Sameer Ahmad (dans son album sorti en 2014, Perdant magnifique), ils ne crachent pas leur voix dans les bruits du monde, mais glaviotent leur historiettes et leur tolérance juvéniles dans l'atonie du monde. Ah! c'est dommage! comme ils disent.