"La vie est courte, la vie est belle, la vie n'est pas parfaite, la vie est courte, la vie est pute, la vie n'est pas mal faite"
C'est avec cette phrase que se finit "Mèche Courte V" sur "Un Amour Suprême (Ezechiel)", des années plus tard, Sameer Ahmad sort son huitième album solo : "La vie est bien faite".
Mon amour pour la musique de Sameer Ahmad est tel que j'avais ENORMEMENT d'attentes pour cet album, déjà que son EP m'avait mis l'eau à la bouche... C'est l'un voire le projet que j'attendais le plus cette année et malgré tout ça IL NE M'AS PAS DECUE !
Déjà, le premier single "Vivarium" avec cette ambiance si particulière et fidèle au titre m'avait impressionné puis le deuxième "LVBF" en feat avec le très talentueux Okis m'avait scotché surtout de par cette teinte G-Funk et ce refrain sublime auquel je m'y attendais vraiment pas.
C'est donc extrêmement confiant et avec bcp d'attentes que je lance l'album... L'intro "Hmd" est vraiment pas mal et remplis bien son rôle : on sent déjà la qualité de production de l'album (S/o Skeez'Up), le flow nonchalant si caractéristique de Sameer et son lyrisme si extraordinaire.
"Cholos" et "Spud Webb" viennent à la suite, deux sons avec des refrains très efficace, un peu moins emballé par Cholos de par sa prod un peu particulière mais entièrement conquis par Spud Webb : l'intro du morceau est magnifique et le flow de Sameer est inégalable. Inutile de préciser mais c'est toujours aussi bien écris pour ces deux sons.
Dans "C'est la vie", le rappeur lance au début :
"Big Noyd sur du Pink Floyd, traduction : novateur dans pure tradition"
... QUELLE ENTREE EN MATIERE, ce son est vraiment exceptionnel et en particulier l'outro du morceau qui comme Sameer l'avait annoncé fait très "pink-floydien" (la guitare électrique purée...). Le morceau brille ainsi par sa production et son originalité, une totale réussite novatrice dans la disco de ce grand monsieur.
Après les deux singles et une interlude arrive ce qui est pour moi l'APOGEE de l'album : "Daddy Cool" et "Machete". Le premier est un bijou de jazz-rap qui me transporte dans un autre monde, il colle parfaitement avec ce début de printemps. Le second m'as littéralement choqué et ému à la première écoute... Je n'avais presque jamais ressenti ça, je comprenais pas trop ce que j'écoutais, je captais que certaines brides de paroles mais c'était assez pour m'émouvoir. Le sample, le thème, les paroles, le featuring de LK de l'Hôtel Moscou... Tout est parfait. Ici Sameer Ahmad et son acolyte ont décidés de nous créer un magnifique morceau d'amour, une line m'a particulièrement pris au tripe et je suis obligé de vous la conté :
"Nos points de sutures se rejoignent quand nos regards s'emmêlent".
Rien que ça. Bref, bravo a eux deux pour le son de l'année, ils m'ont même fait repenser a une fille que j'ai connu ahahaha...
L'album se finit avec l'excellent featuring de Nakk Mendosa (que je ne connaissais pas !) "Mi Casa" ou l'on ressent une très bonne alchimie entre les deux MC's, une interlude et la très bonne outro "Néron" qui finit très bien le projet avec cette vibe presque "festive".
Pour conclure : Sameer Ahmad étoffe une fois de plus sa discographie avec un album court mais extrêmement bien réalisé. Le lyriciste brille par ses références totalement décalées, ses jeux de mots et tournures de phrases prouvant une fois de plus qu'il fait partit des meilleurs paroliers de l'histoire du rap français. Dans ce projet on sent une attache particulière à ses origines mais aussi a ses proches comme le montre "Machete" ou les deux interludes. Un peu plus intimiste donc, cet album extrêmement bien produit, en majorité par Skeez'Up (un grand habitué de la musique de Sameer), est une totale réussite, 10 ans après son classique "Perdants Magnifiques" et presque 20 après ses premier début, Sameer réussie l'exploit de sortir un projet novateur, chapeau l'artiste ! Que celui qui prétendra sortir l'album de l'année se remette à bosser dessus, il est très peu probable qu'un artiste puisse égaler cette sortie cette année !