C’est avec efficacité qu’Alexandre Desplat investit l’univers de Largo Winch en proposant une partition solidement charpentée autour de très beaux thèmes tantôt charmeurs tantôt tournés vers l’action, sans pour autant délaisser l’émotion (« Croatian Sorrow »). On retrouve une écriture orchestrale du mouvement et de l’ampleur aventureuse qui servira si bien à Harry Potter et les reliques de la mort : « Largo Jumps » semble annoncer, telle une prolepse, « Sky Battle » et son agitation délicieuse. On retrouve également quelques références tonales à L’Enquête corse dans « Chase Latino » et « Mato Grosso Escape » pour notre plus grand plaisir auditif, enfin une construction thématique avec « Roof Fight » évoquant le thème bondien par excellence. Melting-pot d’influences que l’artiste transcende par sa vision d’ensemble d’un film qui, malheureusement, ne parvient jamais à l’employer de manière satisfaisante ; la musique étant trop appuyée, ayant la fâcheuse tendance à faire sortir le spectateur de l’immersion dans laquelle il serait censé se trouver… Preuve qu’Alexandre Desplat développe son propre univers de film en film, tisse un vaste réseau musical dont chaque œuvre constitue la maille géniale du grand œuvre total : jouer en se jouant.