Comme tout le monde, mon apprentissage de Tool a été un processus long.
Attiré par leur réputation à l'orée de mes 20 ans, j'ai écouté plusieurs morceaux, bloquant sur leur longueur, leur construction alambiquée, etc...
Et pourtant certains morceaux m'ont immédiatement accroché. Sober, Stink Fist, 46&2, et surtout Parabola et Schism.
Et de toute façon, même les autres titres, quelque chose me ramenait inexorablement vers eux (alors que d'autres titres longs et compliqués d'autres groupes me rebutaient chaque fois plus que la précédente. Coucou A Change of Seasons), et chaque écoute faisait ressortir un nouvel élément que j'aimais. Evidemment au passage mes gouts se sont précisé : si j'apprécie beaucoup Aenema et 10.000 Days, je suis un peu plus mitigé sur Undertow et carrément réservé sur Opiate.
Reste Lateralus
Il m'a fallu des années pour m'en douter et une récente réécoute pour enfin en être sûr : cet album est certainement la meilleur chose que j'aie entendu musicalement de ma vie. Et restera probablement inégalé.
De l'intro en béton de l'album à lente montée en puissance du trio Disposition-Reflection-Triad, de la violence frontale de Ticks and Leeches à la douceur inquiétante de Parabol, du hurlement sans fin de The Grudge au chant doux de The Patient, de la fameuse ligne de basse de Schism à la construction dingue de Lateralus, tout sur cet album est une performance.
Et je ne parle pas d'une démonstration vaine de capacités individuelles (coucou Dragonforce, coucou Dream Theater) certes impressionnantes, je parle d'une performance où chaque est au service de l'ensemble et y donne son meilleur.
je parle d'une performance dans le but de créer une ambiance unique, ce son que l'on reconnaît en 2 mesures, ces émotions que l'on ressent.
Et au-delà de cela, Lateralus est la meilleure évocation que je connaisse d'un univers Lovecraftien. Pas de le sens d'une citation directe (comme le ferait Metallica avec the Call of Ktulu ou The Thing That Should Not Be, aussi bons que soient ces deux titres), mais dans le sens de la création d'une atmosphère aussi lourde, chargée, menaçante et inexorable.
Et forcément, pour le Cthulhuidé que je suis, ça ne peut que renforcer mon amour pour ces 79 minutes.
Un album indispensable.