Le Cri Du Caire – Le Cri Du Caire (2023)
« Le Cri Du Caire » j’en avais entendu parler il y a plus d’une année, lors d’une sorte de documentaire télévisuel, Jazz Summer Tour 2021, dont le dernier volet concernait cette formation. Elle était alors un peu différente, Peter Corser jouait du saxophone, Karsten Hochapfel du violoncelle et surtout Abdullah Miniawi, chanteur-parolier, qui semblait porter l’identité authentique et première du « Cri Du Caire ».
Je m’en souviens par bribes car la mémoire, parfois, lâche, mais le trompettiste alors était l’incroyable Médéric Collignon, me semble-t-il, avant qu’il ne se perde dans les interprétations de Boris Vian.
Je me souviens particulièrement de la fin d’un concert diffusé à cette occasion, lors du « Paris Jazz Festival », c’était d’une énorme puissance émotionnelle, la force réunie du chanteur et du cornettiste semblait vouloir soulever le monde, un moment vraiment incroyable d’une énergie folle, alors quand je suis tombé sur cet enregistrement lors de mes dernières pérégrinations, je l’ai embarqué de suite…
En plus d’Abdullah, Karsten Hochapel et Peter Corser le présent quartet présente Erik Truffaz à la trompette en lieu et place de Médéric Collignon, l’enregistrement se déroule en studio, ou plutôt à l’abbaye de Noirac, entre le vingt-neuf mars et le trois avril vingt et un. Certes il n’y aura pas la magie de l’enregistrement public, mais on y trouve la pureté et la précision du son.
Les textes sont entièrement en arabe et sont peu perméables à mon entendement, mais ceux qui savent y trouvent un mélange entre foi et laïcité, Coran et révolution, avec les désillusions qui suivirent, la peine et les larmes. La voix chantée d’Abdullah Miniawi, par ses intonations est tellement habitée qu’elle parvient à nous toucher sans difficulté, par-delà les mots et leurs sens, elle va droit au cœur.
Le soufisme est élevé par la prestation des trois européens, Erik Truffaz est curieux de tous les projets, il n’a aucun mal à s’insérer dans celui-ci, et c’est le plus naturellement du monde qu’il se glisse en soliste et trouve les notes et les intonations qui déchirent, tout comme l’excellent saxophoniste Peter Corser qui n’a pas son pareil pour créer de la tension et mettre en valeur la voix d’Abdullah.
Karsten Hochapfel a également côtoyé Naïssam Jalal et est un habitué des musiques orientales, il se glisse ici avec une grande facilité et n’hésite pas, ici ou là, à proposer une solution rythmique de qualité à ses partenaires.
Après avoir tant tourné et joué, de concerts en festivals, le temps est venu de fixer cette musique dans le temps, de la faire connaître, et ce petit Cd fera plaisir à beaucoup, il n’y a pas de doute…