Si Yann Tiersen n'est pas un débutant, beaucoup risquent de découvrir ce jeune compositeur de vingt-sept ans à l'aune de cetroisième album. Mais ses deux oeuvres un autre terme serait-il justifié ? précédentes, distribuées au compte-goutte, laissaitdéjà transparaître ce monde à part, voilé de nostalgie, emprunt de romantisme, qui ne laissait aucune possibilité d'apposer unequelconque étiquette, de l'associer à un courant. Dans cette continuité, Le Phare éclaire donc une Terra Incognita, qui, et même sil'homme s'en défend, a sans doute déjà été visitée par Soft Verdict, Wim Mertens, voire Pascal Comelade. Ici, Tiersen retrouveses instruments de prédilection son violon et son harmonica, son accordéon et son carillon, son piano-jouet et... sa machine àécrire les associe puis les dissocie, leur fait jouer une valse, une ballade au piano, un morceau aux résonances celtiques. Lamachine s'affole sur L'Homme Aux Bras Ballants mais reprend son souffle Sur Le Fil. La voix passionnée de Claire Pichet, letemps d'une Rupture, impressionne par sa force alors que celle de Dominique A qui pourrait bien servir de passeport pour lareconnaissance (en)chante en anglais sur Monochrome et surtout en français sur l'impressionnant Les Bras De Mer, sorte deSlint interprété par Nino Rota. Et nous voici confrontés à cet étrange paysage onirique, où chaque instrument dépeint un élément(là, le vent, ici, la mer), un sentiment (la peur, la colère, la joie). Disque sauvage difficile à apprivoiser, Le Phare risque pourtantde donner un joli coup de projecteur sur ce compositeur hors-norme, hors-mode et hors du temps. (Magic)