On sait peu de choses de Piers Faccini et du parcours apparemment tortueux et polyvalent qui l'a mené des Beaux-Arts de Paris, en passant par l'underground londonien jusqu'à l'enregistrement de ce premier album solo du côté d'Amiens. À en croire le portrait chinois composé par ces onze titres, Faccini apparaît comme un héritier direct de Johan Asherton, anglophone par conviction artistique plus que par naissance, fasciné par les brumes mélancoliques du folk britannique. Délicatement ouvragées, arrangées en compagnie de Vincent Segal et Sébastien Martel, ces mélodies surprennent alors d'autant plus qu'elles semblent se situer hors du temps et de l'espace. Faisant fi des contraintes trop terre-à -terre de l'histoire ou de la géographie, les spectres des vieux bluesmen du Delta et de Nick Drake viennent y entrechoquer leurs chaînes et leurs boulets pendant que les chanteurs maliens se risquent à tisser des liens improbables avec les hippies de Pentangle. Classiques et personnelles à la fois, ces chansons épurées suggèrent de manière éphémère quelques tourments passés et autant de regrets, sans jamais les figer ni les expliciter, comme pour mieux susciter ce sentiment paradoxal d'intimité et de mystère.(Magic)
Piers Faccini a fait ces débuts à Londres en 1997 au sein du groupe folk-hop Charley Marlowe, en compagnie de la poétesse Francesca Beard, devenant un peu culte dans les milieux initiés… Puis il collabore à divers projets avant d’enregistrer ce premier album solo pour Bleu Electric, la branche ‘rock’ du label de jazz amiénois Label Bleu. Chanteur, compositeur, peintre, Faccini sait faire passer les émotions. Il réalise un de ces albums envoûtants qui pourrait ne tenir que sur la voix de son interprète. Pourtant le reste suit : le swing parfois soutenu, assuré par le batteur Jeff Boudreaux, le blues des guitaristes Seb Martel et Lucas Suarez, la mélancolie du violoncelle de Vincent Ségal (T.Bone Guarnerius).Car cette pop à la fois folk, blues, est marquée par une douce souffrance, celle qui fait les grands songwriters. Et sans aller jusqu’à certains anti-héros anglais comme Nick Drake ou John Renbourn, dont on sent parfois l’influence, on peut déjà penser aux débuts d’un Ben Christophers ou ceux d’un Perry Blake."Leave no trace" est un album délicat, intime parfois sensuel, qui préfère laisser à d’autres les artifices et autres enluminures, évitant ainsi que le temps ne marque trop ces chansons. On regretta seulement que la délicieuse voix de Rokia Traoré soit reléguée dans des chœurs trop discrets (All The Love In All The World). Le reste est parfait et risque de longtemps nous hanter. Qui s’en plaindrait…?(indiepoprock)