La beauté de ce premier album, c'est la discrétion de sa mise en scène, là où tout autre novice anglais aurait tartiné lâchement ses chansons de pluies de cordes, cache-misère systématique des écritures à l'inspiration impotente ou hésitante. Il faut préciser que Baxter Dury, grandes oreilles, a sagement écouté les conseils d'un groupe économe et juste, dans lequel se succèdent des musiciens aux états de service indiscutables, de l'omniprésent Adrian Utley (Portishead) à Richard Hawley (Pulp). Des gens pour qui, en matière de pop-music, l'aventure n'est pas fatalement un concours de rodomontades. Et même lorsque Baxter Dury se lance dans une odyssée psychédélique et turbulente comme Len Parrot's Memorial Lift, son écriture précise empêche les chansons de virer au péplum. Beaucoup d'autres songwriters anglais, de Richard Ashcroft à Starsailor, nettement moins pointilleux sur la surcharge de leurs décorations, sur le clinquant de leurs intérieurs pharaoniques, seraient assez inspirés de venir constater ici la vanité de leurs ambitions. Il y a du Nikki Sudden ou, dans les moments les plus pacifiques, du Low dans cette manière engourdie et rêveuse de répondre aux ordres du 69 Live du Velvet Underground, cet éloge définitif de la lenteur, de la langueur, des tranquillisants et des hamacs en fil barbelé.Car sous l'éclatante joliesse de mélodies tricotées à la main et d'arrangements distingués, la voix plaintive de Baxter Dury charrie suffisamment de trouble et d'éraflures pour que cet album ne se limite jamais à un galant exercice de style autour de la mélancolie et de son petit confort rassurant. Diaboliques, les deux derniers morceaux du disque se livrent d'ailleurs à une véritable prise d'otages de la volonté et des humeurs : les écouter le matin pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le moral et l'économie de la nation. (Inrocks)


Tout chez ce garçon-là fascine : l'ascendance, la voix et l'air de ne pas y toucher. Remarqué l'an passé sur un premier single qui lui permit d'entrée de se faire un prénom, quand d'autres s'époumonent au énième album de sortir de l'encombrante ombre paternelle (mettez les noms que vous voulez), Baxter Dury, avec ses faux airs de Peter Astor, affole le dictionnaire des superlatifs à l'aune d'un très grand disque. En neuf chansons intemporelles un chiffre souvent annonciateur de chefs-d'oeuvre : The Blue Moods Of... de Spain, Simple Pleasure de Tindersticks, Once de The Tyde , le fils du crooner le plus improbable des années 70 s'inscrit dans la lignée des plus grands songwriters, Robert Wyatt et Mark Linkous (Sparklehorse) en tête. D'ailleurs, Geoff Barrow et Adrian Utley de Portishead (qui cosigne le touchant Gingham Smalls 2), son copain Richard Hawley ne s'y sont pas trompés puisqu'ils figurent tous les trois au générique de ce cadeau tombé du ciel, qui à la guitare, qui à la basse, qui à la batterie. Ouvrant sur le renversant Beneath The Underdog et le déjà célèbre Oscar Brown (avec son sample du Velvet Underground), Dury duettise ensuite avec la délicieuse Johanna Hussey pour une tubesque chanson pop au croisement de Birdie et Badly Drawn Boy. Malgré un début aussi époustouflant, la suite est à l'avenant. Bien évidemment, c'est chez Rough Trade, le label nanti du plus beau catalogue du monde des années 2000 (The Tyde, Low, The Strokes, Jacob Golden, British Sea Power), que paraît cette oeuvre au psychédélisme vénéneux. Donc addictif. (Magic)
Il n’y a, paraît-il, pas de bons vins, il n’y a que des bonnes bouteilles. Baxter Dury, certainement habitué aux comparaisons hasardeuses dès son plus jeune âge, a dû mûrement méditer l’adage populaire avant de s’atteler à la composition de ses premières ritournelles. Bien lui en a pris : son premier album, offert à nos délicates oreilles par le toujours excellent label anglais Rough Trade, ne ressemble à rien. Ou presque.

Tout du moins, à l’heure de découvrir cet album enchanteur interdisons-nous d’ouvrir précipitamment la malle toute cabossée des comparaisons hâtives et de ressortir une fois de plus la liste maintes fois cornée des influences supposées : la musique de Baxter Dury n’appartient qu’à lui seul. Servi par une production moelleuse signée Craig Silvey, "Len Parrot’s Memorial Lift" enivre dès la première écoute, pour ne plus vous lâcher ensuite. Impossible de se défaire d’un "Bachelor" aux charmes hypnotiques ou d’un "Lucifer’s Grain" délicieusement pop, sucré et long en bouche. Impossible de ne pas être hanté par les chœurs spectraux de "Auntie Jane", les cascades liquoreuses de "Oscar Brown", ou le charme capiteux de "Beneath The Underdog". Impossible enfin de résister à ces mélodies imparables que ce jeune freluquet nous assène de son falsetto fébrile et distingué. En neuf titres à l’élégance racée, démonstration est faite que l’on tient là un des grands de demain. Adrian Utley et Goeff Barrow, officiant habituellement chez Portishead, ne s’y sont pas trompés, et viennent prêter main-forte à ce petit prodige pour donner corps à cet album magistral, solaire et raffiné. Bien plus qu’un grand cru, un véritable chef-d’œuvre. A déguster, bien entendu, sans aucune modération.(Popnews)


Il existe des disques qu'on adore ou qu'on déteste, où il n'y a pas de juste et médiocre milieu. C'est le cas de Len Parrot's Memorial Lift pour lequel j'ai littéralement craqué. On ne peut résister à ces lentes ballades qui s'amusent à nous promener entre un univers céleste et une certaine intimité, entre des mélodies légères et des morceaux plus sombres. Fils de Ian Dury, fondateur du groupe punk britannique Blockheads, Baxter Dury a réussi à trouver un brillant équilibre entre ses diverses compositions. Ses influences ne restent pas inconnues à l'écoute de cet album: The Velvet Underground, Mercury Rev, Tindersticks. On ne peut que se réjouir du chant de Johanna Hussey, et de la participation de deux membres de Portishead et d'un Pulp. Si cela manque parfois d'un soupçon de rock un peu plus énergique, c'est chose faite sur le sixième morceau. Il faut attendre en effet "Gingham Smalls 2" pour ne pas rester sur sa faim. Les guitares d'Adrian Utley et la batterie de Geoff Barrow ne nous lasseraient pour rien au monde, au contraire, on en redemande.(liability) 
bisca
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le 22 mars 2022

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