Sorti en 1967 pour le centenaire de la mort de Charles Baudelaire, ce double-album réussit le tour de force de mettre brillamment en musique l'un des plus grands poètes de tous les temps.
Vous souvenez-vous de ces cours de français où l'on analysait des poésies auxquelles on ne comprenait pas grand-chose ? Vous souvenez-vous du professeur qui, n'arrivant pas à faire passer le message, la magie et la beauté d'une forme d'écriture à la fois austère et grandiose, rendait encore plus pénible ces heures qui défilaient au ralenti ?
Je m'en souviens. Je me dis aussi que si, à l'époque, j'avais disposé de cette œuvre pour m'ouvrir les portes du monde mystérieux de la poésie, je l'aurais adorée. Car ce double-album une introduction vitale à l'univers de Baudelaire.
Le choix des poèmes mélange les écrits les plus connus (Spleen, l'Albatros...) à d'autres qui le sont beaucoup moins. Excellente initiative qui permet d'embrasser tous les aspects de l'écriture de Baudelaire. Il manque sans aucun doute "la vie antérieure", mais, l'alternance de lignes sombres et joyeuses rend complet et complexe ce disque.
Parlons de la musique : qui mieux que Ferré aurait pu mettre transcrire l'écriture de Baudelaire? Il ne me vient aucun autre nom. La fil conducteur musical reste sans aucun doute la ligne orchestrale de ce "Ferré chante Baudelaire". Cordes, piano, cuivres, percussions symphoniques s'unissent à merveille au rythme des mots et appuient incontestablement le côté noir et sombre de l'œuvre. La voix de Ferré est à l'unisson : elle est douce, puis puissante, intimiste, terriblement triste...
Cette œuvre est une incontestable réussite littéraire et musicale. Je ne saurais trop vous conseiller ce disque essentiel, qui devrait être fourni dans les écoles comme introduction majeure à la poésie afin que moins de pauvres élèves ne baillent pendant les cours de français, langue qui sait apporter à ceux qui l'aiment des plaisirs incommensurables. Et se laissent prendre par elle comme une mer. Comme Ferré en somme !