A ceux qui ne l'auraient pas encore lu ailleurs, on apprendra tout de suite ceci : les vingt-neuf membres de I'm From Barcelona sont aussi espagnols qu'Amadou & Mariam : ils pourraient être le groupe préféré de Henrik Larsson, joueur de football suédois qui jouait au FC Barcelone, puisqu'ils viennent en réalité de Suède (et plus précisement de Jonkoping), tout comme les gus d'Architecture in Helsinki venaient en réalité d'Australie et ces fouines de Blérots De Ravel venaient en fait des Yvelines (et non de Ravel dans la Drôme). Cette toute scandinave troupe de joyeux lurons, donc, tire son nom d'une réplique de John Cleese, dans la série culte anglaise Fawlty Towers des années 70. Par ailleurs, I'm From Barcelona est bel et bien constitué de vingt-neuf membres, soit cinq de plus que les Polyphonic Spree, sept de plus que Les Choristes et vingt-huit de plus qu'Albert Hammond Jr., le guitariste des Strokes, qui, cet hiver, se lance dans une carrière solo.Vingt-neuf membres suédois donc, ça fait beaucoup de noms pleins de consonnes, de trémas sur le o et de petits ronds sur le a , et surtout, la certitude pour les tourneurs de remplir la Boule Noire sans grande difficulté ? au moins, sa scène. Les Polyphonic Spree peuvent dormir tranquilles. En dehors de l'aspect numérique et d'un amour évident pour les mélodies douces, peu de choses réunissent les deux troupes : là où les Américains ont tendance à proposer une version un tantinet lyrique, flamboyante, de la pop, les Suédois en offrent une variante plus simple, pas frimeuse, élémentaire mais efficace.
I'm From Barcelona, c'est une chorale d'amis, élevée aux Beach Boys, Flaming Lips (avec qui elle pourrait prochainement partir en tournée) mais aussi adepte de P-Funk, que l'on découvre, le temps d'une douzaine de pop-songs futées, qu'on conseillerait volontiers à un ami fatigué.
De l'amusante Collection of Stamps à Rec & Play en passant par le tubesque We re from Barcelona ou Oversleeping, qui n'a rien à envier aux trop méconnus singles pop de Beulah, c'est trois cents pilules de magnésium qu'on se prend en pleine face à l'écoute de Let Me Introduce My Friends. Un premier album qui ne se contente pas de garantir un moment agréable à son récepteur : comme ceux de Ben Kweller ou des Canadiens d'Islands, il vient confirmer le chouette, si ce n'est grand, cru de cette année 2006 : douze mois drôlement riches en délices pop. (Inrocks)
Mazette... À l'heure même où la Catalogne est sur le point d'obtenir son indépendance (si, si), un artiste du cru aurait l'impudence, le traître, de décliner son identité et d'écrire des chansons en langue anglaise ?! Mais que les membres du Parlament se rassurent. Car derrière ce nom a priori sans mystère se cache en fait un citoyen suédois, Emanuel Lundgren, rouquin moustachu qui ne recule donc devant rien pour brouiller les pistes et attirer l'attention. À sa décharge, force est de reconnaître que le patronyme I'm From Barcelona a nettement plus tendance à titiller la curiosité que celui de Jag Är Från Jönköping, la ville dont ce trublion est originaire. Pourtant, qu'importe ces considérations géographiques qui ont néanmoins tendance à prouver que si une Europe subsiste un jour, elle sera d'obédience musicale et bienvenue dans le monde merveilleux et désopilant de I'm From Barcelona, ce groupe-ville qui frôle le surpeuplement. Car aux côtés de ce type à l'allure débonnaire, improbable chef d'orchestre mal attifé mais qui glane ses galons de surdoué dès son premier Lp, ils sont vingt-huit musiciens, chanteurs, choristes, chorégraphes, danseurs, rabatteurs, bonimenteurs... à s'impliquer corps et âme dans des chansonnettes rigolotes, flirtant avec le surréalisme et le cocasse. Empoignant peu ou prou tout ce qui leur tombe sous la main (banjo, harmonica, trompette, des batteries, un orgue "désaccordé", une clarinette, des synthés, des guitares, un ukulélé), allant même jusqu'à taper du pied et frapper dans leurs mains, ces gens-là s'ingénient à dessiner, avec un brin de fausse naïveté et un talent ébouriffant, les contours d'une pop tarabiscotée et radieuse, à la bonne humeur irrémédiablement communicative. Alors, on s'invite à ce drôle de voyage où l'on trépigne sur un Pavement américain, passe par Paris après un détour par L'Île Aux Enfants, se perd dans une forêt féerique avant de s'inviter à une convention philatélique. On aimerait que l'excursion ne prenne jamais fin, et pourtant, après à peine quarante minutes, il faut bien se résoudre à laisser filer ces nouveaux copains, à peine consolé par ces quelques mots : "There's a thing left to say before we go/We will sing that we're all in love with you". Ça tombe bien : nous aussi.(Magic)
Le soleil de Catalogne a semble-t’il tapé très fort pendant l’été 2005, suffisamment en tout cas pour qu’Emmanuel Lundgren oublie Jonkoping, la beauté froide suédoise, pour déclarer sa flamme à Barcelone, la belle catalane. Le leader de Valley Days peine à mettre son groupe sur les rails du succès et décide d’enregistrer deux chansons pop hédonistes en compagnie de ses amis. Son appartement se transforme alors en laboratoire musical où déambulent des gens munis d’instruments divers (banjos, accordéons, kazoos, ukulélé). Cette fraternité débouche quelques mois plus tard sur la naissance d’un EP et l’organisation d’un concert exceptionnel qui réunit une vingtaine de membres ayant participé à son enregistrement. Il ne restait plus qu’à donner un nom à tout ce beau monde et c’est une réplique récurrente d’un personnage de série télé ("L’Hotel en Folie", avec l’ex Monty Python John Cleese) qui va emporter la mise. Le contradictoire patronyme "I'm from Barcelona" allait donc épouser la cause de ce collectif suédois qui n’avait jamais mis les pieds en Espagne.Leur premier album "Let me introduce my friends" voit le jour un an plus tard, toujours composé par Emmanuel Lundgren et toujours marqué par la présence de 29 membres. Porté par un single aussi efficace et entrainant que minimaliste (We’re from Barcelona), le groupe enfile les perles pop bubble-gum à la manière de leurs compatriotes des Wannadies. Si la toge ne fait pas partie de leur accoutrement (ils sont plutôt cols roulés, moustaches et grosses lunettes), les Suédois apprécient les chœurs nombreux et entêtants (Oversleeping, Rec & Play) à l'image des Texans de Polyphonic Spree.Les morceaux pop acidulés qui parsèment l’album se marient à merveille avec le thème de l’enfance (Treehouse, This Boy,Chicken Pox) et ses réminiscences. L’amour fait également partie des préoccupations principales de la bande a Lundgren et notamment celui qu’ils vouent à leur nouvelle terre d’adoption (We’re From Barcelona et Barcelona loves you), ce qui leur a valu cet été un accueil triomphal au festival Primavera Sound.
Ce collectif éminemment sympathique joue une pop naïve et minimaliste qui dégage une joie de vivre contagieuse. Attention, une écoute prolongée peut provoquer un sourire durable et incontrôlable. (indiepoprock)