Dès ce projet, Lacrim se démarque par une écriture brute et sans concession, racontant son quotidien et celui de son entourage avec une authenticité qui séduit immédiatement les amateurs de rap street. Ses textes transpirent le vécu, évoquant la prison, la violence, l’argent facile et la trahison, des thématiques qui reviendront tout au long de sa carrière. Les instrumentales, bien que solides, restent assez conventionnelles pour l’époque, oscillant entre ambiances pesantes et mélodies mélancoliques. Elles servent bien le propos, mais ne révolutionnent pas le genre. Cependant, l’atmosphère musicale colle parfaitement à l’identité de Lacrim, renforçant son image de rappeur authentique et sans artifice À ce stade de sa carrière, son flow est encore en rodage : efficace, mais parfois rigide, avec un placement qui gagnera en aisance sur ses projets suivants (Faites entrer Lacrim, Corleone). On sent déjà une énergie brute et une voix marquante, mais qui manquent encore d’un certain polissage.
Sans atteindre le grand public, Liberté Provisoire trouve son public dans les amateurs de rap de rue et pose les jalons du style de Lacrim. Ce projet reste une carte de visite réussie, qui amorce une ascension impressionnante dans le paysage du rap français.
Si Liberté Provisoire n’est pas l’album le plus marquant de Lacrim, il est un témoignage intéressant de ses débuts. Il montre un rappeur déjà convaincant dans son storytelling, avec une direction artistique claire et une sincérité qui deviendra sa force. Un projet pour les puristes, annonçant l’arrivée d’un poids lourd du rap français. Un projet solide, mais qui manque encore d’un vrai hit ou d’un son marquant pour s’imposer pleinement.
Source : lerapcetaitmieuxavant.fr