Laurent De Wilde – Life Is A Movie (2023)
Laurent De Wilde mérite évidemment toute notre attention, c’est un pianiste remarquable et un improvisateur de grande qualité. Il est ici à la tête d’un trio composé de Jérôme Regard à la contrebasse et de Donald Kontomanou à la batterie, trois qui vont bien ensemble.
Dès qu’on ouvre le Cd et que l’on consulte le livret d’accompagnement, on est surpris d’y découvrir un peu comme une petite bande dessinée. Pour autant ce n’est pas vraiment le cas car les dessins, neuf au total si on ne tient pas compte de la couvrante, sont reliés à un texte écrit par Laurent, puis séquencés en cases qui sont pour la plupart de superbes portrait des musiciens en action.
Bien vu en tout cas car les portraits sont saisissants de naturel et font passer une émotion, bienveillance, concentration, joie, ou encore évoquent la concertation, le dialogue ou la mise en place. Autant d’éléments qui se tiennent quelque part entre la photographie dans son instantané et le portraitiste qui croque la seconde essentielle.
Mais ne négligeons pas le texte qui se résume d’une certaine façon dans le titre « Life is a movie », qui plonge à la fois dans le jazz, la vie du musicien, ses rapports avec le public et l’émotion, la créativité, « une bande-son du film de nos vies dont les lendemains restent à écrire mais dont le présent exprime toute la joie et le plaisir de jouer ensemble ».
Laurent a écrit toutes les compos de cet album, lui qui aime reprendre les standards et jouer du Monk à cœur perdu a appuyé sur le bouton « pause », suite à un accident de moto qu’i l’a privé de pratique pianistique, tout çà s’est donc joué d’abord dans la tête, les compos, l’album, sa conception, ne restait plus qu’à ouvrir les pages de ce livre intérieur…
Déjà, il faut savoir que Laurent est un merveilleux pianiste au toucher subtil, il aime surprendre, bien qu'il soit ouvert sur le monde, cet album peut sembler assez introspectif. Il connaît également l’importance des amitiés musicales, l’équilibre du trio possède, à cet égard, quelque chose de magique, de définitif, si l’unité ne se fait pas, alors c’est l’échec, ici la réussite est éclatante.
Pourtant l’album est très varié, le dernier titre de l’album, « Mes Insomnuits » en est un bel exemple, un texte dit par Laurent sur une musique toute en suspens, ambiance un peu noire et fantastique, « Revivre le jour me nuit » confie-t-il, voulant échapper à ses rêves ou peut-être à ses cauchemars !
Les amateurs de trio piano, basse, batterie ne seront pas déçus.