Si vous m'aviez parlé de Liquid Tension Experiment au moment où j'ai découvert ce groupe, c'est à dire quand j'avais 15 ans, je vous aurais tout de suite répondu : « Meilleur groupe que la Terre ait jamais porté, y a même pas lieu d’en discuter ! ». En même temps, on avait ici le meilleur de deux mondes : la virtuosité des membres de Dream Theater (si l'on excepte ce bon vieux Tony Levin, qui avait fait partie de King Crimson), sans toutefois avoir à supporter la voix de James Labrie qui, à l'époque, me faisait plus ou moins l'effet d'une crise d'urticaire.
        Avec ce second et ultime album, LTE offre à l'auditeur des morceaux aux compositions millimétrées et un sens de la mélodie qui force le respect de manière presque évidente. C'est peut-être à cause de cette perfection froide (de mon point de vue, en tout cas) que j'ai fini, sans vraiment m'en rendre compte, à lâcher le groupe.

      Et finalement, se réconcilier avec LTE a été, pour moi, tout à fait simple : je me suis juste rendu compte, un beau jour, que cet album n'était pas parfait. Et tout de suite, il m'a enfin paru posséder une âme, et être autre chose qu'une simple démonstration technique de plus d'une heure.
        On passera évidemment sur la clé de voute de la galette, "When The Water Breaks", qui demeure peut-être le meilleur morceau jamais écrit par le groupe durant sa courte existence. De même, impossible pour moi de dire du mal de l'évident "Acid Rain", du jazzy "Liquid Dreams" et d'un "Biaxident" qui démontre tout le savoir-faire du groupe.
        Pour "Chewbacca" et "Hourglass", c'est un peu moins flagrant. Le premier part pourtant très bien avec un riff d'une efficacité bluffante, mais l'improvisation qui suit pendant plus d'une dizaine de minutes apporte assez peu au propos. Quant au second, il est tout simplement d'un ennui assez stupéfiant et on aurait mérité bien mieux pour un dernier morceau.

        Quoi, je fais la fine bouche ? Bof, peut-être que je me suis un peu forcé. Gardez à l'esprit que ce "Liquid Tension Experiment 2", pris dans son ensemble, n'est rien d'autre qu'un incontournable à la croisée du jazz, du rock spatial et du metal progressif ... et rien que pour la finesse du mélange, on devrait étudier l'œuvre du groupe dans les collèges, histoire que les cours de musique servent enfin à autre chose qu'à savoir manier la flute à bec.
Yoth
8
Écrit par

Créée

le 18 nov. 2012

Critique lue 501 fois

8 j'aime

Yoth

Écrit par

Critique lue 501 fois

8

Du même critique

Evil Dead
Yoth
8

De la pâte à modeler en Stop Motion ?

Je n'étais pas encore né à l'aube des années 80, ce qui me laissera sans doute quelques regrets épars, mais je peux me permettre d'imaginer quels étaient les rapports entre les films...

Par

le 29 oct. 2011

44 j'aime

2

Geogaddi
Yoth
9

Red Hexagon Sun

        Ceux qui avaient reproché à « Music Has the Right to Children » d’être trop froid ou dénué d’émotions ont dû renoncer à partir de celui-là. Impossible de se fier à sa pochette rougeoyante et...

Par

le 6 févr. 2014

38 j'aime

2

Moon Safari
Yoth
9

De la bonne utilisation du vocoder

La première écoute de "Moon Safari" fut pour moi le moment de réaliser qu'il ne faut jamais s'arrêter aux apparences. Ici, c'est le côté bobo qui suintait de ce groupe que je fuyais comme la...

Par

le 24 déc. 2011

37 j'aime

2